Madagascar consolide son statut sur le marché du cacao fin
La Grande Île accueillera le prochain Panel international sur le cacao fin. Une reconnaissance pour le pays qui propose un cacao reconnu comme l’un des meilleurs mais restant insuffisamment exploité sur la scène internationale.
Le 29 septembre 2022, à l’issue de la 106e réunion du Conseil de l’Organisation du Cacao (ICCO) à Abidjan, en Côte d’Ivoire, Madagascar a remporté l’organisation du prochain Panel international sur le cacao fin. Cette décision a été prise par consensus par les 52 pays membres de l’ICCO. La délégation malagazy était présidée par Edgar Razafindravahy, ministre de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation, et président du Conseil National du Cacao (CNC) de Madagascar.
Pour Philippe Fontayne, vice-président du CNC, « accueillir cette réunion est certes une fierté pour Madagascar, mais il s’agit là d’un événement international qui doit consacrer tous les pays et tous les cacaoculteurs qui œuvrent pour une amélioration constante de la qualité, une des voies les plus sûres pour une meilleure rémunération de nos planteurs ».
Les membres du conseil ont choisi la Grande Île alors qu’elle était en concurrence avec d’autres candidats comme le Venezuela et le Pérou. Mais Madagascar a bénéficié du soutien du géant de la filière, la Côte d’Ivoire, ainsi que du Nigéria, du Togo, de la Suisse et de l’Union européenne.
Le Panel d’experts, qui se réunira en juin 2023, devra mettre à jour les pourcentages d’exportations en cacao fin auxquels peuvent prétendre les pays producteurs, tels que mentionnés à l’Annexe C de l’Accord international de 2010 sur le cacao. Ce Panel, dont la composition a été renouvelée en 2021 par le Conseil, comptera douze experts issus des secteurs privé et public, représentant les principales régions productrices et consommatrices de cacao.
« L’organisation du panel d’experts permettra d’affirmer la notoriété de Madagascar sur la filière et renforcera la visibilité du pays devant la communauté internationale du cacao et notamment les pays consommateurs d’Europe et d’Asie », a souligné, dans un communiqué, le Conseil national du cacao (CNC). Celui-ci estime « qu’avec ses trois variétés de cacao Criollo, Forastero et Trinitario, Madagascar propose un cacao reconnu comme l’un des meilleurs, mais qui reste insuffisamment exploité sur la scène internationale ».
Des critères de sélection très stricts
Le marché mondial du cacao fait la distinction entre deux grandes catégories de fèves de cacao : « fin d’arôme » et « en vrac », ou « ordinaire ». Les goûts fins incluent des fruits (frais et dorés, des fruits mûrs), des fleurs, des herbes et des notes de bois, fruits secs et caramel, ainsi que des bases de chocolat riches et bien équilibrées.
D’une façon générale, l’ICCO se sert d’une combinaison de critères dans le but d’évaluer la qualité du cacao fin d’arôme. On y retrouve l’origine génétique du matériel cultivé, les caractéristiques morphologiques des plantes, les caractéristiques de saveur des fèves de cacao cultivées, les caractéristiques chimiques des fèves de cacao, la couleur des fèves et des semences, le degré de fermentation, de séchage, d’acidité, les goûts anormaux, le pourcentage de moisissure interne, l’invasion d’insectes et le pourcentage d’impuretés.
Bien que représentant seulement 12 % des exportations mondiales, le segment du cacao fin bénéficie d’une croissance plus rapide que le secteur traditionnel du cacao, ainsi que de prix plus élevés sur les marchés, permettant ainsi une amélioration du revenu des planteurs et une meilleure durabilité du secteur, conformément aux objectifs définis par le plan d’action stratégique de l’ICCO.
Un atout fort pour Madagascar
Madagascar veut conforter sa position en matière de qualité des cacaos qu’elle produit et exporte. Son excellence a déjà été reconnue par le label « cacao fin » délivré par l’ICCO en 2015 et par le prix International Cacao Award 2020 remis à Lalatiana Andrianarison, l’un des grands producteurs de cacao à Madagascar. Ce cacao d’excellence n’est cependant pas suffisamment exploité sur le marché international, c’est pourquoi l’organisation de ce panel va permettre d’attirer les regards du monde entier, notamment des pays consommateurs.
Selon les chiffres récemment publiés par le MICC, Madagascar a exporté 14 783 tonnes de cacao en 2021, produites principalement dans le district d’Ambanja, dans le nord-ouest de l’île, et livrées notamment au Pays-Bas, en Malaisie, en Inde, en Allemagne, en Belgique. Elles ont généré une valeur d’exportation de 24,5 millions de dollars.
La filière cacao est l’une des sources ciblées par la stratégie de diversification des ressources d’exportation de Madagascar dans le cadre du Plan Émergence Madagascar (PEM), visant à lutter contre la pauvreté.
La Trinitario, cacao préféré des meilleurs chocolatiers mondiaux
C’est dans la vallée du Sambirano, située dans le nord-ouest de Madagascar, que poussent les fèves de cacao les plus réputées au monde, avec une forte proportion de fève Criollo, la plus recherchée, renommée pour sa fève blanche donnant un chocolat particulièrement savoureux. Parfois, cette variété fragile est associée à la variété Forastero (résistante), produisant une variété hybride, la Trinitario.
Ce produit phare est devenu la principale source de revenu de 30 000 paysans malagazys qui revendent leur cacao à des collecteurs. Cette culture rentable pendant la haute saison – entre septembre et février – constitue la principale ressource financière de ceux qui la cultivent.
Cette fève a la particularité de donner du chocolat fin, particulièrement apprécié par les maîtres chocolatiers du monde entier. Son goût acidulé, différent de l’amertume des autres fèves, la rend unique et en fait un produit régulièrement récompensé dans les concours internationaux.
Les quelque 15 000 tonnes de cacao malagazy exportées chaque année ne représentent que moins de 1 % de la production mondiale, mais grâce à des arômes uniques, Madagascar est présent au sommet du haut de gamme. Un statut que le prochain Panel international sur le cacao fin permettra de conforter.