Rénovation énergétique : tenir le cap en 2025, malgré la tempête budgétaire

Publié le 09 janvier 2025

En juin 2023, Agnès Pannier-Runacher – alors ministre de la Transition énergétique – déclare devant le Sénat que la rénovation est « l’un des grands leviers de notre stratégie énergétique ». Ceci est d’autant plus vrai que le secteur du bâtiment est encore responsable à hauteur de 20 % des émissions de gaz à effet de serre en France, essentiellement dues au chauffage des bâtiments résidentiels.

Plusieurs textes de référence, comme la loi dite « Énergie-climat » de 2019 ou la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) révisée en 2020, font de la rénovation énergétique une priorité pour atteindre les objectifs de sobriété environnementale. En transformant nos logements, nous agissons pour le climat, valorisons le patrimoine des ménages et renforçons leur pouvoir d’achat. C’est la raison pour laquelle ce chantier, moteur décisif de la transition écologique, doit rester une priorité en 2025 malgré un contexte budgétaire nettement défavorable.

Des bénéfices multiples pour les ménages et la société

S’attaquer à la porosité énergétique des bâtiments, c’est d’abord agir pour le bien-être des ménages. Et cela en tout point, tant les avantages de la rénovation énergétique sont multiples et immédiats. Une meilleure isolation ou l’installation d’un système de chauffage moderne – comme les radiateurs électriques avec batterie intégrée – permet de réduire significativement les factures d’énergie, tout en améliorant considérablement le confort thermique des logements. Ces rénovations se traduisent également de façon nette dans la valeur immobilière des biens. C’est ce que le Conseil supérieur du notariat appelle la « valeur verte », à savoir l’augmentation de valeur engendrée par une meilleure performance énergétique et environnementale d’un logement.

En parallèle, cette dynamique offre un élan considérable à l’économie nationale. Le secteur de la rénovation énergétique, en plein essor, génère des emplois localement et stimule l’innovation dans des domaines porteurs, comme les matériaux biosourcés ou les technologies bas-carbone. Selon un rapport de France Stratégie, 170 à 250 000 emplois supplémentaires seraient nécessaires d’ici 2030 dans le secteur de la rénovation énergétique des bâtiments. En investissant dans ce champ de la transition énergétique, la France peut non seulement renforcer son indépendance à l’égard de ressources importées mais aussi s’affirmer comme un leader européen de la construction durable.

Des barrières à lever pour accélérer la transition

Malgré ces atouts évidents, la rénovation énergétique souffre de la persistance de certains freins. Le Conseil d’analyse économique (CAE) estime que seules 5 % des rénovations sont à ce jour rentables pour les ménages sans recourir à des aides publiques. Les barrières à l’investissement sont multiples, qu’il s’agisse des coûts techniques (le montant des travaux), financiers (le montant des intérêts en cas d’emprunt) ou induits (le temps passé à suivre les travaux).

Pour lever ces obstacles, le CAE préconise de sanctuariser un budget annuel d’au moins 8 milliards d’euros d’aides à la rénovation jusqu’en 2050. Les économistes de cette instance considèrent que la majorité des rénovations, bien qu’elles ne soient pas rentables du point de vue des ménages pris isolément, le sont à l’échelle de la société en raison des gains environnementaux associés (en moyenne 30 tCO2 par logement rénové) et de leurs effets positifs sur la santé. En effet, les personnes se trouvant en situation de précarité énergétique sont davantage susceptibles de développer des problèmes de santé.

Viser des rénovations de qualité

Pour maximiser leur impact, les rénovations doivent être performantes et ciblées. Cela suppose de prioriser les passoires thermiques (logements classés F et G), souvent occupées par les ménages les plus modestes. Aujourd’hui, 17 % du parc résidentiel français – soit environ 4,8 millions de logements – entre encore dans cette catégorie. Mais rénover efficacement ne signifie pas seulement isoler : il s’agit de combiner isolation et installation de systèmes de chauffage bas-carbone pour optimiser les gains environnementaux. Toujours selon le CAE, rénover 55 % du parc résidentiel permettrait de réduire de 70 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 2018.

Accompagner les ménages tout au long de leur projet de rénovation est un impératif. Des dispositifs tels que Mon Accompagnateur Rénov’ – devenu obligatoire au 1er janvier 2024 pour bénéficier de certaines aides publiques – pourraient être améliorés pour en simplifier les démarches et garantir une coordination optimale des travaux. Parallèlement, l’instauration et le déploiement de contrôles qualité rigoureux sont nécessaires, afin de s’assurer que les rénovations atteignent les niveaux de performance promis.

Faire de 2025 une année charnière de la rénovation énergétique

Maintenir le cap de la rénovation énergétique en 2025, c’est investir dans un avenir plus sobre, plus résilient et plus solidaire. En consolidant les financements publics dédiés, en renforçant l’accompagnement des ménages et en encourageant une offre de qualité dans le secteur de la rénovation, la France peut transformer le défi de la transition en une opportunité d’innovation et de développement. La rénovation énergétique n’est pas qu’une réponse à l’urgence climatique : elle est une solution globale pour améliorer notre quotidien et préparer les générations futures à un monde plus durable.

Dans un contexte économique et budgétaire fragile, il semble important d’appeler à ce que la rénovation énergétique ne soit pas la cible de restrictions budgétaires qui couperaient son indispensable élan. L’objectif annoncé par le gouvernement, à savoir rénover 5 millions de passoires thermiques d’ici 2034, ne sera atteint qu’à la condition de maintenir une politique volontariste de bon sens en faveur du climat, de la souveraineté énergétique et du bien-être des ménages français.