Face au vieillissement de la population, la prévention en santé devient un enjeu clé, notamment pour limiter les chutes chez les seniors, responsables de graves conséquences. INDIENOV, entreprise à mission, se positionne sur ce défi avec des solutions innovantes mêlant medtech et silver économie. Sa ceinture INDIE, dispositif médical préventif, vise à réduire le risque de fractures du col du fémur, qui coûtent plus de 3,4 milliards d’euros chaque année en France. L’objectif : passer de la prévention à la prédiction des chutes, en exploitant les données pour anticiper les risques et personnaliser l’accompagnement des 15 millions de personnes concernées. Nous revenons sur cet engagement fort avec Victoria Lamour Chambon, Directrice de la Stratégie et du Développement D’INDIENOV, lauréate Choiseul Sud 2024.
Quels sont, selon vous, les enjeux majeurs de la prévention en matière de santé ?
Depuis 2018, les personnes âgées de plus de 65 ans sont plus nombreuses que les enfants de cinq ans (ONU, 2019), et sont amenées à doubler d’ici 2050, comme en témoignent les sociétés « super vieillissantes » telles que la Corée du Sud, le Japon, la Chine ou l’Italie (World Economic Forum, 2023).
La transition démographique, avec un vieillissement rapide de la population, nécessite de mettre le tryptique « Prévention, Personnalisation et Prédiction » au cœur des stratégies sanitaires pour anticiper les impacts économiques et sociaux auxquels nous ferons face dans les prochaines décennies.
La prévention – primaire, secondaire et tertiaire – doit être précoce et continue pour avoir un effet durable sur les maladies critiques et chroniques. Les avancées technologiques, comme l’IA et l’analyse des données, permettent d’améliorer la détection des pathologies et d’optimiser le parcours de soins et les protocoles de traitement. Face à une pénurie et à une discrimination géographique de répartition des prescripteurs et des soignants, il est crucial que ces innovations renforcent le rôle des prescripteurs et des soignants, plutôt que de les remplacer. L’écosystème entier est en mutation et en recherche de modèle économique viable, pour assurer une médecine plus efficace : payeurs privés et institutionnels, professionnels de santé, services à la personne de proximité, etc.
Avec un contexte d’éloignement géographique des membres intergénérationnels des familles, et de forte urbanisation, près de 250 kms éloignent une personne en perte d’autonomie ou dépendante de ses enfants en France. Les services d’aide à la personne et de soins ont un rôle clé à jouer mais doivent gagner en efficacité. La personnalisation et la phygitalisation de la santé, avec la télémédecine, les dispositifs connectés non invasifs, le domicile ou les services de proximité comme nouvel hôpital, améliorent l’accès aux soins et leur suivi, tandis que la prédiction des pathologies repose sur des données qualitatives et éthiques, spécificité européenne, enjeu clé pour protéger les données des patients. Par ailleurs, les enjeux liés aux cyberattaques, aux marges d’erreur et à la responsabilité médico-légale des professionnels de santé, ou à la viabilité économique des acteurs économiques du secteur n’en sont qu’à leurs prémices.
Comment imaginez-vous la médecine de demain avec INDIENOV ?
INDIENOV est une entreprise à mission, dont l’objectif est de redonner confiance et autonomie aux personnes dont la motricité est affectée. Au croisement de la silver économie et de la medtech, nous servons les enjeux de la chute et de son appréhension, et de la fracture du col du fémur, affectant plus de 80000 personnes et coûtant plus de 3.4 Mds d’Euros au système de santé en France.
A l’heure du vieillissement de la population, la fracture du col du fémur constitue l’un des plus grands risques menaçant les séniors. Nous observons chaque année, 2 millions de chutes de personnes de plus de 65 ans, avec des conséquences lourdes : hospitalisations, immobilisations, admissions en institution spécialisée. Une personne sur deux perd son autonomie et plus d’une sur quatre décède dans l’année par suite de complications. Les victimes peuvent souffrir d’un syndrome post-chute (isolement, dépression, vieillissement accéléré…). A ce jour, aucune solution efficace n’existe pour prévenir ce type de fracture, le curatif restant la seule solution. Prévenir les chutes est un enjeu de santé publique.
Notre ceinture INDIE – dispositif médical CE cat. 1 – et son application mobile, répond aux enjeux de la prévention primaire et de la prévention tertiaire, en s’adressant à nos partenaires professionnels de santé et à l’ensemble des personnes à risque. Au total, ce sont près de 15 millions de personnes en France qui sont concernées et 200 millions dans le monde :les multi chuteurs ayant déjà subi une fracture, dont la fracture du col du fémur et risquant de se re-fracturer ; les personnes souffrant de maladies neuroévolutives, telles que la maladie de Parkinson ou la sclérose latérale amyotrophique (SLA), qui augmentent le risque de chutes ; les personnes souffrant d’ostéoporose ; les séniors de plus de 80 ans qui veulent rester à leur domicile et éviter les institutions et ceux qui sont en établissement médico-social, et qui ont besoin de sécuriser davantage leurs mouvements ; les séniors de plus de 60 ans conscients du bien-vieillir en sécurité.
A terme, nous souhaitons aller de la prévention à la prédiction des risques de chute. La base de données qualitative des mouvements et des chutes que nous construisons permettra d’anticiper les risques de dépendance, personnaliser et optimiser les services de nos porteurs et de nos partenaires (aidants, soignants, prescripteurs).
Quel est votre point de vue sur les stratégies pour attirer et sécuriser des financements dans le secteur de la medtech/agetech ?
Depuis 2022, « L’IA-deep tech-healthtech bashing » remet le « bon sens » au cœur des stratégies de financement, avec un œil plus exigeant sur les preuves de concept et de marché – la viabilité clinique et commerciale. Dans un contexte de concurrence mondiale accrue, de valorisations à la baisse, de coûts opérationnels, de R&D et de production plus élevés, de réglementations strictes et chronophages, les attentes des investisseurs en matière de rentabilité, de business model viable sur le moyen-long terme et d’impact socio-environnemental sont plus fortes.
Pour des startups comme INDIENOV et des midcaps de la medtech – agetech, la stratégie d’accès au marché est cruciale, mais implique un parcours onéreux et plus long, nécessitant une diversification des sources financements : fonds dilutifs et non dilutifs, subventions publiques, et partenariats stratégiques industriels et public- privé.
Cet entretien a été réalisé dans le prolongement du classement Choiseul Sud 2024, à retrouver en intégralité sur le site de Choiseul France.
