Marie Guillemot (La Redoute) : « Mettre au cœur de notre business model le principe d’économie circulaire »

Publié le 24 septembre 2024
Marie Guillemot (La Redoute)

La Redoute, en tant qu’acteur clé du secteur de la Décoration-Maison et du prêt-à-porter confronté à la crise climatique, cherche à se positionner sur toute sa chaîne de valeur : intégration de la réduction des émissions dans son modèle, gestion durable des déchets, perspectives renouvelées dans l’économie circulaire… Pour y parvenir, La Redoute a choisi de miser sur l’éco-conception, la production locale avec un fort ancrage territorial dans le Nord de la France et le développement de son offre en seconde main avec « La Reboucle ». À la tête de cette transformation, Marie Guillemot, Directrice de la stratégie « Développement durable » de la marque et lauréate Choiseul Hauts-de-France 2024, œuvre en faveur de ces changements dans chaque aspect de l’entreprise tout en répondant aux attentes croissantes des consommateurs en matière de responsabilité sociale et environnementale.

Comment La Redoute a-t-elle réinventé son modèle pour répondre aux enjeux de développement durable ?

Si une entreprise française est synonyme de réinvention perpétuelle, c’est bien La Redoute. Depuis des générations, l’entreprise patrimoniale n’a eu de cesse de revoir son modèle pour s’adapter aux attentes et enjeux de son temps. Exit la vente par correspondance, La Redoute s’est entièrement digitalisée et est aujourd’hui un des leaders du e-commerce en France. La Redoute ne se contente plus d’habiller les familles, elle meuble et décore avec style leurs intérieurs. Avec chevillée au corps (et au cœur) une volonté farouche : toujours répondre aux attentes de ses clients ainsi qu’aux grands enjeux de son temps.

Le 21e siècle fait face à une multiplication des enjeux environnementaux critiques à l’échelle planétaire : réchauffement climatique, perte de biodiversité, pollutions (sols, cours d’eau) liées notamment à l’amoncellement hors de contrôle de déchets… La photo sociale n’est pas plus réjouissante : les inégalités de revenus, d’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités se creusent entre et au sein des pays du monde.

Nous sommes conscients, chez La Redoute, du rôle que nous avons à jouer à notre échelle. Nous travaillons donc à faire évoluer chaque facette de notre modèle actuel pour le rendre plus responsable.

La grande majorité des impacts environnementaux de nos activités est issu des produits que nous commercialisons, de l’extraction des matières premières nécessaires à leur fabrication jusqu’à leur fin de vie. C’est pourquoi certains de nos métiers internes évoluent : nos designers deviennent progressivement des « éco-designers » dont la mission est à la fois de créer des produits désirables, mais également de les concevoir afin qu’ils aient un impact environnemental réduit et une durée de vie la plus longue possible (réparabilité).

Concernant l’approvisionnement, 30% des produits de La Redoute Intérieurs sont aujourd’hui Made in Europe ou Made in France. 40% des canapés sont même produits à moins de 10 kilomètres du siège de La Redoute, à Roubaix, dynamisant ainsi l’économie locale. Canapés et literies sont pour la plupart fabriqués à la commande évitant ainsi toute surproduction.

Nous travaillons par ailleurs à réduire au maximum nos emballages de livraison et visons d’avoir remplacé d’ici à 2030 l’intégralité de nos sacs d’expédition plastique par des alternatives moins impactante pour l’environnement.

Mais la prise en compte des enjeux de développement durable doit nous amener à pousser plus loin nos réflexions : mettre davantage au cœur de notre business model le principe d’économie circulaire.

Quelle est votre position sur le marché de la seconde main ?

La Redoute s’est positionnée sur le marché de la seconde main avec le lancement de « La Reboucle » il y a presque quatre ans. Sur le modèle des références du marché comme Vinted ou Leboncoin, La Reboucle était initialement une plateforme de vente entre particuliers de tous types d’articles, mode et maison.

Afin de prendre une place différenciante sur ce marché, nous avons relancé l’année dernière une nouvelle version de La Reboucle, basée cette fois sur un modèle inédit : une marketplace exclusivement composée de vendeurs professionnels de la 2nde main, rigoureusement sélectionnés par La Redoute. La promesse de cette nouvelle mouture : un haut niveau de confiance (les produits sont vérifiés et uniquement en bon/très bon état, voire neufs) et un niveau de service aligné sur les standards de La Redoute avec la possibilité (notamment) de retourner l’article sous 30 jours s’il ne convient pas.

Parmi les vendeurs partenaires se trouvent des spécialistes de la seconde main comme Smala pour les articles pour enfants, CrushOn et OMAJ pour la mode, ou encore Debongout pour les meubles vintage et la décoration d’intérieur.

Quelle est votre vision d’une mode responsable ?

La vision de La Redoute en matière de mode responsable s’inscrit dans une approche de « slow- fashion ». L’idée est de réinventer le plaisir de s’habiller, non plus en suivant frénétiquement les tendances, mais en investissant dans des pièces de qualité, pensées pour pouvoir être portées dans différents styles et pour passer les saisons, année après année.

Cette démarche peut se traduire par des collections moins larges, mieux ciblées. L’accent est mis sur la durabilité des produits, tant en termes de style que de qualité. La mode devient alors un plaisir à long terme, avec des pièces dotées d’une vraie valeur affective et capables de traverser les générations.

Enfin, construire une mode plus responsable c’est aussi contribuer à la redynamisation de nos filières françaises. C’est pourquoi chaque année nous lançons des commandes à des petits acteurs nationaux (comme La Manufacture de Layette) pour permettre, fil après fil, de reconstruire notre tissu économique local.