Hend Al Otaiba est ambassadrice des Émirats arabes unis en France et à Monaco depuis 2021.
Dans un contexte multilatéral dégradé avec des crises environnementales de plus en plus régulières, les rendez-vous internationaux comme le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial de juin dernier, le Paris Peace Forum et la COP28 de novembre prochain, sont essentiels afin de conserver des espaces de dialogue entre l’ensemble des nations, notamment entre pays du Nord et pays du Sud. Face aux défis de notre monde, nous ne pouvons avancer en ordre dispersé et parler avec tout le monde est une nécessité.
Les Émirats arabes unis et la France partagent cette approche des relations internationales, qui se traduit par une participation active au sein des institutions multilatérales, par un appui aux organisations régionales et par une volonté de renouveler les formats de la diplomatie pour plus d’efficacité. L’initiative de coopération trilatérale entre les Émirats arabes unis, la France et l’Inde illustre notre volonté de recourir à des formats inédits pour renforcer la coopération internationale autour de domaines d’intérêts communs, comme ici dans l’énergie, la lutte contre le changement climatique, ou encore l’innovation technologique.
Si les Émirats arabes unis et la France ont une relation particulière, c’est que nos deux pays portent une vision commune sur de nombreux enjeux concernant les hommes et notre planète, notamment que la lutte contre le changement climatique et la lutte contre la pauvreté sont liées. La croissance, c’est-à-dire la création de richesses, est donc indispensable pour financer la transition énergétique et offrir des opportunités d’emplois décents aux populations. Sans développement économique, il ne sera pas possible de réaliser la transition économique ni d’assurer la justice sociale. Dans cette logique, une approche inclusive, c’est-à-dire impliquant l’ensemble des acteurs allant des représentants de la société civile aux institutions internationales en passant par les entreprises privées, est indispensable pour réformer la gouvernance mondiale, soutenir la croissance économique et investir massivement dans l’action climatique.
Cette relation unique entre nos deux pays s’est donc construite autour de projets concrets avec des ambitions communes dans de nombreux domaines : l’énergie, la science et la technologie, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les industries culturelles, l’espace, le tourisme ou encore la fintech. Du partenariat stratégique entre Engie et Masdar sur l’hydrogène aux investissements émiriens dans la startup française d’intelligence artificielle QuantCube Technology, cette relation économique est dynamique et diversifiée. Entre 2020 et 2022, le commerce bilatéral non pétrolier entre la France et les Émirats arabes unis a ainsi augmenté de plus de 20%. Lors de sa récente visite en France, le ministre émirien de l’Économie, son Excellence Abdulla bin Touq Al Marri, a rappelé l’objectif d’atteindre à terme au moins 15 à 20 milliards d’euros d’échanges par an avec la France.
À la COP28, c’est également le souci des mesures concrètes et de l’obtention de résultats qui guident la présidence émiratie avec le soutien de la France. L’opérationnalisation du fonds sur les pertes et dommage, la mise en place du premier Bilan Global de l’Accord de Paris afin d’évaluer les progrès collectifs, la volonté de tripler la production d’énergie renouvelable d’ici 2030, l’objectif Net Zero 2050 en sont la preuve. De nombreuses promesses ont été faites par le passé, l’objectif est désormais de savoir comment atteindre ses objectifs, notamment en attirant les capitaux du secteur privé.
La France et les Émirats arabes unis partagent ce point commun d’être des puissances d’initiatives et de dialogue, souhaitant éviter de tomber dans le piège de la compétition des grandes puissances. C’est en œuvrant ensemble pour une gouvernance mondiale plus juste et équilibrée que nos deux pays contribuent chaque jour à construire un monde meilleur.