Face à l’urgence des bouleversements à l’œuvre dans le monde, il est de la responsabilité de l’enseignement supérieur et plus particulièrement d’une université de sciences humaines et sociales de rang mondial, qui forme les dirigeants de demain, d’accompagner les besoins de renouvellement des modes de pensée, des questionnements, des appareils conceptuels et des grilles d’analyses.
Comprendre son temps pour agir sur le monde
Depuis 150 ans, Sciences Po se donne pour mission de comprendre son temps pour agir sur le monde, en formant des esprits libres et des acteurs engagés au service de la société et du bien commun. Notre institution, unique dans le paysage universitaire français et international, s’est toujours voulu à l’avant-garde. C’est pourquoi, tout en capitalisant sur les fondamentaux qui font sa spécificité et sa renommée, Sciences Po continue à se réinventer en orientant sa recherche et ses formations autour des grands enjeux contemporains, au premier rang desquels les transformations environnementales.
Diffuser la culture écologique
En matière d’enseignement, j’ai instauré depuis l’an dernier un cours obligatoire de Culture écologique, pour tous les étudiants de première année. Il engage l’ensemble des disciplines qui structurent le cursus de Sciences Po et aborde notamment les sciences politiques, l’histoire environnementale, l’économie, le droit, la sociologie et les relations internationales, en offrant un éclairage complémentaire avec les sciences “dures”. Nous plaçons également l’impact au cœur du projet pédagogique de notre école de management, devenue l’an dernier l’École du Management et de l’Impact. Elle porte une vision de l’entreprise plus consciente des enjeux sociaux et sociétaux et de son rôle à jouer face, notamment, aux transformations environnementales. Plus généralement, toutes nos maquettes pédagogiques ont été revues pour intégrer pleinement les enjeux du changement climatique et des limites planétaires.
Un enjeu éthique et professionnel
Sur le plan de la recherche, Sciences Po est l’université la mieux dotée en Europe sur ce sujet. Au cours des prochaines années, une trentaine d’universitaires spécialistes viendront s’ajouter à la quarantaine d’enseignants-chercheurs qui travaillent déjà dans ce domaine. En 2023, nous avons également levé 2 millions d’euros de fonds privés pour créer dix postes d’enseignants-chercheurs sur les enjeux liés à l’environnement. Pour donner une force nouvelle à ces mutations profondes qui traversent Sciences Po, nous avons également lancé tout récemment l’Institut des transformations environnementales.
Notre effort sans précédent sur l’enjeu des transformations environnementales répond à une attente des étudiants et obéit à une double nécessité : éthique évidemment, mais aussi professionnelle, car il ne sera plus possible d’exercer un poste de dirigeant sans être formé sur ces sujets.
Les intertitres sont de la rédaction. Cette tribune est à retrouver dans le premier numéro de Choiseul Magazine, disponible en kiosque depuis le 25 octobre 2023.
Crédit photo : Bogdan-Mihai Dragot