Le 6 octobre 2022, la Banque mondiale a publié son rapport annuel sur l’évaluation des politiques et des institutions en Afrique (CPIA). Ce dernier est le fruit d’un méticuleux passage au crible des caractéristiques socio-économiques de chaque pays d’un continent qui présente un spectre de situations nationales particulièrement disparates. Prenant en compte une multiplicité de critères (politique monétaire, gestion du secteur public, inclusion sociale), ce rapport se définit comme un diagnostic annuel évaluant les pays d’Afrique subsaharienne éligibles aux financements de l’Association Internationale de Développement. Le but de ce rapport est donc non seulement d’analyser les spécificités de chaque pays, mais également de comprendre les grandes tendances économiques qui traversent le continent ainsi que de mesurer les efforts et les progrès effectués par chaque pays, permettant ainsi de mieux envisager leur futur.
Ce rapport annuel de la Banque mondiale couvre seize indicateurs répartis en quatre catégories (gestion économique, politiques structurelles, politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité, gestion du secteur public et des institutions). Étant donné la diversité des thématiques étudiées, il convient de se pencher sur le détail des analyses formulées par l’institution financière internationale sur Madagascar, afin de comprendre dans quels domaine l’île connait les plus nets progrès.
Le cas de Madagascar n’est en effet pas sans attirer l’attention du lecteur de ce rapport. L’île se voit en effet attribuer une note globale de 3,3 sur 6, supérieure de 0,3 points à la note moyenne des pays d’Afrique de l’Ouest et Australe. La note globale attribuée par l’institution financière internationale à Madagascar est en outre supérieure de 0,1 points à la note moyenne des pays emprunteurs de l’Association Internationale de Développement (IDA) ainsi qu’à celle des pays d’Afrique de l’Est et centrale (toutes deux de 3,2). En outre, Madagascar a été mieux notée que la moyenne des pays d’Afrique de l’Est dans trois des quatre catégories retenues par la Banque mondiale. Madagascar figure donc cette année en septième position des 20 pays d’Afrique de l’Est et Australe et la note globale attribuée à l’île par la Banque Mondiale est en croissance (elle était de 3 en 2013). On observe que si la note de Madagascar est en légère progression depuis 2013, la moyenne des pays d’Afrique de l’Est a quant à elle reculée de 0,1 points sur cette même période.
La performance la plus remarquable s’observe dans le domaine de la gestion économique, ou Madagascar a obtenu la note de 3,7 sur 6. Cette catégorie prend en compte des éléments clés du fonctionnement économique d’un pays et de sa pérennité : politiques monétaires et de change, politique budgétaire et politique de gestion de la dette. Dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19, le rôle des politiques monétaires a été primordial afin de contenir l’inflation et gérer le subtil équilibrage entre dette publique et nécessité de reprise économique. Ce rapport de la Banque mondiale a ainsi attribué une note de 4 sur 6 à la politique monétaire de Madagascar, qui dépasse ainsi de 0,6 points la moyenne des pays emprunteurs de l’IDA.
De même, le commerce (sous-catégorie de la rubrique « politiques structurelles » du rapport) apparait également comme un point positif pour Madagascar, qui a obtenu la note de 4, soit un score supérieur à la moyenne des emprunteurs de l’IDA qui est de 3,2. L’île n’a pas non plus démérite en matière d’égalité des sexes, la Banque mondiale lui ayant également attribué une note de 4 sur 6 en la matière, supérieure de 0,8 points à la moyenne de l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne.
Dans le domaine de la santé, Madagascar a également connu une hausse de 0,5 points de sa note, là ou le Sénégal et l’Éthiopie ont par exemple vu la leur baisser dans les mêmes proportion. L’île a néanmoins reçu une note moins favorable (2,7) dans la catégorie « Gestion et institutions du secteur public », dans laquelle il reste des progrès à accomplir. Si la note obtenue dans cette catégorie d’analyse (inférieure de 0,3 points à la note moyenne des pays emprunteurs de l’IDA) a en effet pesé à la baisse dans la note globale de Madagascar, soulignons qu’il s’agit également de la note moyenne des pays d’Afrique de l’Ouest et Australe.
Enfin, la lecture de ce récent rapport de la Banque mondiale peut bénéficier de l’éclairage complémentaire apporté par un autre rapport annuel de l’institution financière, intitulé « Africa’s Pulse ». Ce dernier produit une analyse plus détaillée des tendances socio-économiques qui traversent le continent, et son édition 2022 contient notamment une observation encourageante concernant Madagascar. D’après ce document, les agriculteurs malgaches « ont utilisé de meilleures pratiques de gestion des sols et de l’eau introduites par les agents de vulgarisation des exportateurs de légumes frais pour augmenter la production de bétail et de riz destinée aux marchés intérieurs. »