Le président d’Objectif France, Rafik Smati, par ailleurs entrepreneur et chef d’entreprise, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Il nous précise dans le présent entretien les principaux axes de son programme et les premières mesures qu’il déciderait s’il était élu à la présidence de la République.
Vous venez de vous déclarer candidat aux prochaines élections présidentielles. Vous êtes, au moins pour l’instant, moins connu que d’autres postulants. Pouvez vous nous parler un peu de vous et vous présenter ?
Je suis entrepreneur dans le numérique, né en Algérie en 1975 et arrivé en France à l’âge de deux ans. J’ai étudié à l’Ecole Supérieure de Commerce de Bordeaux, puis à l’Ecole Centrale Paris, et je me suis lancé dans l’entrepreneuriat à 22 ans en fondant ma première entreprise dans le numérique : Dromadaire. Ma start-up a survécu à la crise de la bulle internet et est devenue un leader international du secteur des cartes numériques (sous le nom de Kisseo à l’étranger), puis le pilier du groupe Aventers que je dirige toujours et qui a depuis sa création recruté ou formé plusieurs centaines de personnes. Après m’être engagé comme élu local dans les Hauts-de-Seine, je me suis engagé sur le plan des idées en publiant plusieurs essais. Mon premier livre, « Vers un capitalisme féminin » (2010), explorait les liens de plus en plus étroits entre le capitalisme et les valeurs féminines ; le dernier, « French Paradise » (2013), décrit les conditions de l’avènement d’une France terre d’accueil de l’innovation, de la création, et de l’entrepreneuriat mondial.
Je suis passé à l’engagement politique en 2014, en créant le mouvement Objectif France. Depuis plusieurs années, j’essaie de faire passer mes idées – parfois avec succès – auprès des nombreux dirigeants politiques que je rencontre et dont j’ai plusieurs fois décliné les offres. J’ai construit avec Objectif France ce qui est aujourd’hui le projet le plus solide et le plus cohérent du paysage politique français.
En constatant que les enjeux vitaux pour préparer la France aux défis de demain (économiques, technologiques, géopolitiques) n’émergeaient pas dans cette campagne électorale, j’ai décidé de porter ce projet. Je suis aujourd’hui candidat à la présidence de la République.
L’échiquier au centre et à droite est déjà bien occupé entre E . Macron, V. Pécresse, E. Zemour, N. Dupont-Aignan sans parler de M. Le Pen. Y a-t-il réellement un espace pour une candidature de plus ? Qu’est-ce qui vous distingue de vos challengers ?
Tout d’abord, ces derniers mois ont montré à quel point au sein de cette partie de l’échiquier, les équilibres peuvent changer, avec des candidats qui grimpent ou descendent dans les sondages en quelques semaines, des favoris indéboulonnables qui dévissent… Surtout, l’offre actuelle ne convient pas aux Français, aucun candidat ne suscitant majoritairement d’adhésion ou d’espoir ; les électeurs sont encore largement indécis dans leurs intentions de vote car insatisfaits. Même aujourd’hui, il est encore possible pour une alternative d’émerger.
Je me distingue évidemment par ce que je suis, un entrepreneur à la tête d’un mouvement citoyen qui ne vient pas du monde politico-médiatique. Et on sait à quel point l’incarnation est importante : je parle d’économie en tant que chef d’entreprise, de cohésion nationale en tant qu’enfant de l’immigration qui veut servir la France… Mais je me distingue surtout par ce que je porte : le projet le plus solide et le plus audacieux pour réparer notre pays et le projeter dans l’avenir. Je veux faire campagne en refusant les polémiques, les attaques personnelles, en proposant mes solutions et une vision positive pour le futur. Enfin, je suis entouré par des personnalités expérimentées, qui participeront à un exécutif dédié au redressement national avec une feuille de route.
Si vous deviez identifier trois mesures prioritaires ou mesures-phares à prendre une fois élu, quelles seraient-elles ?
Mon programme contient plusieurs centaines de propositions, mais voici trois décisions qui concernent à la fois la réponse à nos problèmes urgents, et la préparation de l’avenir. Je nommerai ministre de l’Intérieur le général Bertrand Soubelet, ancien n°3 de la Gendarmerie nationale écarté par l’Elysée pour avoir alerté sur les faiblesses de notre politique pénale. Avec sa maîtrise des dossiers et son expérience opérationnelle, Bertrand Soubelet est le mieux placé pour rétablir l’ordre républicain sur notre territoire, notamment avec sa stratégie pour reconquérir les zones de non-droit.
J’augmenterai le salaire net de l’ensemble des enseignants du primaire et du secondaire de 300 euros par mois, afin de renforcer l’attractivité du métier qui est aujourd’hui fragilisée. Nous allons par exemple manquer d’enseignants en mathématiques, tandis que le niveau dans cette matière baisse au même titre que le nombre de bacheliers choisissant cette spécialité : il faut inverser rapidement cette tendance si nous voulons former assez de jeunes aux métiers de demain. Cette revalorisation coûtera près de 3,1 milliards d’euros par an : c’est beaucoup, mais c’est un investissement d’avenir pour bâtir l’école de l’excellence.
Je lancerai dès 2022 l’objectif de construction de quinze réacteurs nucléaires de troisième génération sur les sites existants. Pourquoi quinze, alors que d’autres candidats proposent moins ? Parce que tout le monde sous-estime l’explosion des besoins électriques que va exiger la révolution technologique (5G, télémédecine…), et surtout la sortie du pétrole d’ici vingt ans : je rappelle qu’il ne se vendra plus de voitures thermiques d’ici 2035 ! Cette décision est donc indispensable pour couvrir nos futurs besoins. Elle permettra aussi à terme un énorme gain de pouvoir d’achat pour les millions d’automobilistes, lorsqu’ils remplaceront le plein d’essence par une recharge de leur voiture en électricité qui sera bon marché grâce à l’extension du parc nucléaire.
L’image et l’influence de la France reculent à l’échelle de la planète, notre pays se banalise aujourd’hui dangereusement. Qu’est-ce qui pourrait permettre à la France de revenir à l’avant-scène internationale et d’apparaître comme une sorte d’aiguillon ?
La question est précisément celle de l’influence, trop souvent confondue avec la puissance, et de la manière dont la France peut se distinguer, ce qui exige de ne plus nous reposer sur nos acquis. Notre pays prétend à la « grandeur » sans se donner les moyens de ses ambitions et hiérarchise mal ses priorités internationales, faute de vraie vision stratégique : je veux bâtir une grande stratégie, qui soit ancrée dans le temps long et avec des moyens à la hauteur.
Je veux réinvestir les attributs de la puissance, en portant l’effort de défense de 41 milliards d’euros en 2022 à 56 milliards en 2027, pour que nos armées soient capables de retrouver la supériorité opérationnelle dans les domaines où nous décrochons, et de mener un conflit de haute intensité dans la durée. Indispensable pour être crédible dans les rapports de force et défendre nos intérêts contestés (notamment dans notre domaine maritime), cet effort sera financé par une partie de mon programme d’économies sur la dépense publique.
Je veux surtout réinvestir notre politique d’influence en valorisant notre « soft power » à hauteur de notre potentiel. J’augmenterai de moitié (pour 700 millions d’euros) le budget de notre diplomatie culturelle et d’influence, et j’annulerai la suppression du corps diplomatique engagée par l’exécutif. Je concentrerai au maximum notre aide au développement sur les seuls pays francophones et je proposerai aux pays volontaires de bâtir une vraie Francophonie politique : c’est entre autres la meilleure manière de refonder notre relation avec les pays d’Afrique sur une base plus saine, avec des partenariats gagnant-gagnant. De la culture à l’économie, cette Francophonie politique pourrait porter un modèle original au sein de la mondialisation.