Sur le plan extérieur, la Turquie tente de se poser en puissance régionale incontournable, en participant aux théâtres d’opération de toutes les zones de conflit autour du bassin Méditerranéen. Le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan fait en sorte que son pays retrouve une sphère d’influence diplomatique comparable à celle qu’a connu l’Empire Ottoman et ce quitte à assumer une stratégie de tension avec ses alliés de l’OTAN. Cependant, cette politique extérieure offensive se fait au détriment d’un aspect majeur : l’économie.
L’accroissement des tensions commerciales va de paire avec la multiplication des fronts pour la Turquie, qui cherche à étendre sa sphère d’influence diplomatique (Libye, Syrie, Haut Karabakh) ou à affirmer sa souveraineté territoriale (Grèce). Les choix opérés par Ankara ne manquent pas d’agacer ses alliés de l’OTAN, en particulier la France qui a réclamé des sanctions européennes en réaction au conflit avec la Grèce pour l’exploitation de ressources gazières.
Une quête d’hégémonie au détriment des relations commerciales
Bien que qualifiant les provocations turques d' »inacceptables », le président du Conseil Européen Charles Michel refuse que des sanctions soient prises avant le sommet du mois de décembre. Cette position est également partagée par Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, ainsi que par l’Allemagne qui souhaite privilégier la médiation. L’absence actuelle de sanctions ne signifie toutefois pas que l’économie turque est au beau fixe.
Des répercutions sur la santé économique du pays
Le cours de la livre turque en est le symbole. Après l’annonce de la banque centrale turque du rehaussement du taux d’inflation par rapport aux prévisions initiales (12% contre 9%), le cours de la monnaie a continué sa dégradation pour atteindre une baisse cumulée de 35% par rapport au dollar depuis le 1er janvier. Cette baisse confirme une tendance déjà enclenchée depuis plusieurs années avec notamment l’échec du putsch en 2016 et la tournure autocratique prise par le régime, qui effraie les marchés financiers.
La crise sanitaire venant s’ajouter à ces difficultés, le FMI table sur une croissance négative de -5% à la fin de l’année et un taux de chômage avoisinant les 17%. Face à pareil bilan, il y a fort à parier qu’Erdogan poursuive sa politique internationale expansionniste afin de détourner l’attention des questions de politique intérieure, à la faveur du projet nationaliste sur lequel il fonde sa stratégie de réélection en 2023.