Malgré les sommes extraordinaires débloquées pour la relance de l’économie, les efforts en matière de transition énergétique ne vont pas assez loin selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’institution annonce des prévisions d’émissions de CO2 records d’ici à 2023.
Fondée en 1974 par l’OCDE afin d’assurer la sécurité énergétique mondiale et conseiller les États, l’agence basée à Paris a fait de la neutralité carbone et de la promotion des énergies propres son cheval de bataille. Déjà en mai dernier, elle publiait sa feuille de route pour la neutralité carbone mondiale à l’horizon 2050, dont la conclusion était d’abandonner tout projet d’exploration et d’exploitation de combustibles fossiles. Le directeur exécutif de l’AIE tenait ces mots “[la route est] étroite mais encore praticable, si nous agissons maintenant”. De nouveau, en juillet, elle met en garde sur les futures émissions de CO2 et leur accroissement au-delà de 2023. Selon elle, il n’y a pas assez d’investissements en faveur du climat et les mesures sont prises de manières désordonnées ce qui maintient une frontière entre les pays développés et les pays en voie de développement.
[À LA UNE À 8H] Les émissions mondiales de CO2 devraient atteindre un niveau jamais vu en 2023 et continuer de croître par la suite, au vu de la faible part consacrée aux énergies propres par les plans de relance post-Covid, alerte mardi l'Agence internationale de l'énergie #AFP pic.twitter.com/PQfYRdHGe6
— Agence France-Presse (@afpfr) July 20, 2021
L’objectif des “1 000 milliards”
Les plans de relance organisés multilatéralement ou unilatéralement suivant les parties du monde sont pour la plupart dirigés vers des dépenses sanitaires pour lutter contre la crise. D’autre part, ces plans ont servi à maintenir les économies nationales en soutenant les ménages et les entreprises. Au total, ce sont 2 300 milliards de dollars qui sont consacrés à la relance économique.
Dans les budgets, seulement 2 % des sommes sont débloquées en faveur des énergies propres, ce qui représente 380 milliards de dollars. Après un calcul conjointement réalisé par l’AIE et le FMI, un objectif de 1 000 milliards tous les ans pendant 3 ans serait nécessaire pour respecter les engagements de l’accord climat de Paris. Cette enveloppe permettrait du même coup la création de 9 millions d’emplois répartis à travers le monde. Toutefois, aujourd’hui les dépenses publiques et privées peinent à réunir 350 milliards de dollars par an sur la table pour développer des projets énergétiques durables.
Étudier les mesures
Suite à leur étude, l’AIE s’est rendue compte que les pays pauvres se tournent vers la solution des combustibles fossiles pour leur production électrique au lieu de souscrire à l’éolien ou le photovoltaïque. Ils n’atteignent en réalité que 20 % des investissements nécessaires à leur décarbonation. Néanmoins, les pays du Nord s’étaient engagés à fournir des financements climatiques à la hauteur d’un plancher de 100 milliards de dollars. Cette mesure comme d’autres sont parfois difficiles à tenir du fait d’un agenda d’investissement changeant ou bien d’un manque de volonté. S’appuyant sur ce constat, l’agence de l’OCDE a développé un outil d’analyse des plans de relance et de leur impact environnemental. Le “sustainable recovery tracker” a déjà été rodé sur plus de 800 mesures dans 50 pays différents et ces analyses seront présentées le 22 et 23 juillet prochains à Naples lors du G20 des ministres de l’environnement et de l’énergie.