Les startups françaises ont le vent en poupe. Alors qu’elles ont l’année passée levé 5,2 milliards de dollars et que 5 entreprises ont levé 20% de ce chiffre en un mois en avril, il semblerait bien que l’année 2021 soit une nouvelle année record.
En effet, au premier trimestre 2021, les jeunes pousses tricolores ont réalisé 173 tours de table et levé 1,45 milliard d’euros, dévoile une étude du cabinet Avolta Partners. Un niveau quasiment record qui, s’il continue de progresser pourrait bien propulser la French Tech en première place sur le podium des levées de fonds, alors même que la France avait déjà devancé l’Allemagne l’année dernière avec 5,4 milliards d’euros levés en 2020.
La tendance aux “méga-deals”
On remarque d’ailleurs que ce sont des opérations concentrées qui se mulitiplient. En effet, les dix plus grosses opérations ont représenté près de 50% des fonds levés, même si l’on assiste à une remontée encourageante des petits deals selon Arthur Porré. Une tendance qui s’est confirmée, en témoigne les opérations réalisées par Alan, une startup spécialisée dans les technologies de l’environnement, qui a levé 220 millions de dollars tout comme Ornikar avec près de 120 millions de dollars, la startup d’IA Shift Technology avec 220 millions de dollars ou encore Ankorstore, avec 102 millions de dollars. Et enfin, Back Market qui a révélé un nouveau tour de table de 335 millions de dollars. Une concentration des fonds levés qui représente un milliard de dollars pour cinq entreprises en un mois seulement. C’est aussi le cas de Content Square très récemment.
Contentsquare a levé 500 millions de dollars, notamment auprès du géant japonais Softbank 🔥 https://t.co/vVqqu5KdcI
— BFM Business (@bfmbusiness) May 26, 2021
Selon les Echos, cette situation tient principalement à un “effet de rattrapage” faisant suite au premier confinement qui avait gelé les opérations. Cette conjoncture sur le court terme montre ainsi une activité des acteurs du capital-risque en forte augmentation depuis le mois de septembre. Deuxième maitre mot : la confiance. La conjoncture économique et sanitaire semble positive, notamment avec une campagne de vaccination qui devrait permettre aux investisseurs de demeurer confiants pour les prochains mois.
Concernant la situation structurelle, les investisseurs se montrent moins frileux dès lors qu’un secteur porteur bénéficie d’une légitimité et d’une solidité et stabilité fiscale réduisant les risques financiers. Alors que les investisseurs pouvaient être inquiets du manque de grosses sorties, compréhensible en raison de financements réalisés seulement en 2014 ou 2015, la maturation naturelle du secteur selon le French Tech Journal laisse ainsi penser que ces entreprises ont aujourd’hui acquis un modèle d’affaire solide. A cela s’ajoute une économie classique stagnante dont le modèle ne garanti pas toujours de retour sur investissements solide face à un secteur technologique prometteur où il fait aujourd’hui bon investir.
Quelle nature pour ces investissements ?
Tout d’abord, on observe une modification du type d’investisseur avec l’apparition d’un nouvel acteur, les grands sociétés de capital investissement qui cherchent à investir dans des startups technologiques comme l’explique Xavier Lazarus d’Elia. Ce changement de nature des fonds révèle en réalité une attractivité de la French Tech pour les investisseurs internationaux qui apportent ainsi une nouvelle source de liquidité avec, au premier trimestre près de 40 % provenant de fonds étrangers. Une situation qui met cependant les investisseurs français en concurrence avec des investisseurs du monde entier.
Cette concurrence à l’international peut en effet en apparence faire craindre aux investisseurs comme chefs d’entreprises une concurrence trop importante. En réalité, cela bénéficie amplement à l’entreprise qui s’y frotte. Il n’est ainsi pas étonnant de constater qu’en moyenne les jeunes start-ups s’internationalisent entre 2 mois et 1 an d’existence. Une récente infographie réalisée par Stripe et VP Profiles a révélé qu’”une startup sur trois réalise la majorité de son chiffre d’affaires au-delà des frontières françaises.” Au total, c’est un quart du chiffre d’affaires des startups françaises qui provient de l’international. De même, les startups réalisant au moins 25% de leur chiffre d’affaires à l’étranger voient leur volume de ventes progresser 4 fois plus vite que les autres. Et cela n’est pas étonnant, car les bénéfices sont multiples, notamment lorsque l’entreprise souhaite développer son activité sur un marché étranger prometteur. Agrandir le marché permet ainsi d’augmenter son carnet de clients tout en améliorant son expérience client afin de gagner une réputation de rang mondiale et dynamiser la croissance de ses activités par une connaissance précise des marchés “locaux” afin d’en tirer parti, ce que l’on appelle un avantage concurrentiel.
Attention toutefois, car s’intégrer aux marchés internationaux constitue une stratégie d’entreprise difficile au cours de laquelle culture d’entreprise cohérente et image de marchés peuvent être mises à mal. L’approfondissement détaillé des spécificités de chaque secteur est donc crucial pour construire un avantage concurrentiel mais aussi simplement pour réaliser les retours sur investissements attendus.