C’est un vent de confiance qui souffle sur les établissements financiers européens. Même si la Banque centrale européenne appelle encore à la prudence, les résultats du premier trimestre et la baisse importante des provisions pour risques d’impayés confirment cet élan.
Plus d’un an après le début de la crise sanitaire, les banques affichent enfin un brin d’optimisme. Les résultats des grands établissements financiers enregistrent une forte hausse pour le premier trimestre 2021. Une embellie due notamment au dynamisme des activités de marché et à la réduction importante des provisions financières.
La BCE reste prudente, les banques se défendent
Si les banques semblent sortir de la crise vers le haut, le superviseur des banques émet un avis divergent, jouant la carte de la prudence. Dans une interview accordée à Reuters, Andrea Enria, président du conseil de surveillance prudentielle de la Banque centrale européenne le confirme : « Nous n’avons toujours pas atteint le pic en termes de matérialisation des risques de crédit. Ce n’est pas encore le moment d’adopter des attitudes trop positives ».
Alors que la situation sanitaire semble s’améliorer, portée par l’avancée de la vaccination, les aides étatiques pourraient être amenées à se résorber à leur tour et avec elles, le risque d’une vague de faillites d’entreprises. Une idée qu’a récemment contesté François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France : « Il faut éviter d’exagérer les alarmes », même si « la prudence s’impose en la matière ». Un point de vue partagé par les banques européennes qui pointent du doigt le modèle des banques américaines faisant de fortes provisions avant de procéder à des reprises. Ainsi, JP Morgan a diminué ses réserves pour impayés de 2,9 milliards de dollars pour fin 2020, puis de 5,2 milliards de dollars pour le premier trimestre 2021.
Mais face à ce vent contraire, les banques françaises montent au créneau, estimant avoir couvert leurs risques, et ce, même avant la crise. «Nous aurions pu faire des reprises de provisions dès ce trimestre, mais nous avons préféré garder un coussin de sécurité », assure William Kadouch-Chassaing, directeur général adjoint de Société Générale. Même si les provisions passées sont plus faibles que l’an dernier, les banques ne baissent pas la garde malgré la confiance ambiante. A la différence des Etats-Unis, où le modèle de reprises de provisions domine, BNP Paribas a par exemple fait le choix de baisser son coût du risque de 37 %. Reste à savoir si la situation sanitaire ira dans le sens des banques européennes ou du superviseur financier.