Patrice Caine, PDG de Thales, estime que l’Europe peut encore rattraper les Etats-Unis et éviter le décrochage technologique . Pour s’imposer en tant que futur leader technologique, la France devra selon lui investir dans de grands programmes dans les domaines : spatial, défense, télécommunication, quantique. Le groupe Thales, d’électronique français spécialisé dans l’aérospatiale, la défense et la sécurité, semble en tout cas voir su résister à la crise sanitaire grâce à son modèle économique flexible qui a tiré profit de la numérisation de la vie économique.
L’entreprise à résister à la crise et “a retrouvé un niveau de productivité quasi normal en France et dans le reste du monde dès l’été 2020”. Cette résistance aux chocs économiques s’est faite sans sacrifier les dépenses de recherche et développement. Thales a également profité de la hausse des dépenses militaires mondiales qui ont atteint un record en 2020 et continuera à en profiter à l’avenir puisque le président Emmanuel Macron prévoit une augmentation des dépenses d’équipements des armées de 7% en 2021 par rapport à 2020.
Un leadership européen avec une vision stratégique pour l’avenir
Le PDG du groupe a partagé, lors d’un entretien avec Les Echos, sa vision d’une Europe qui organise son indépendance technologique et maîtrise son destin. Pour tenir tête aux rivaux Américains et Chinois, les Européens jouissent de plusieurs avantages comparatifs : des systèmes éducatifs performants, la possibilité de mobiliser le marché du travail de tous les pays de L’UE etc… La coopération européenne est attendue dans la défense, tout particulièrement dans le lancement de l’avion de combat du futur. Patrice Caine n’oublie pas de mentionner que, malgré la coopération, il est important de tenir compte des investissements de chaque Etat tout en faisant appel aux meilleurs éléments de ces derniers.
« L'Europe n'est pas vouée au décrochage technologique » affirme le patron de Thales https://t.co/qKNQJW8scQ
— Les Echos (@LesEchos) March 26, 2021
Patrice Caine évoque enfin la question centrale de la seconde révolution quantique. Selon lui, ces technologies permettraient à l’ensemble des industries de maximiser leur utilité et faire “100 fois voir 1000 fois mieux”. Il s’agira par exemple d’augmenter la précision des avions de ligne, mesurer les fluctuations des ondes électromagnétiques du cerveau ou encore créer des télécommunications inviolables. Les capteurs quantiques, une innovations proche de la commercialisation, sont conçus pour être très sensibles aux varitations de l’environnement et permettre de “mesurer des ordres de grandeurs avec une très grande précision”.
En alliant savoir-faire et vision stratégique, l’Europe pourra concurrencer les GAFA qui ont pris le virage de l’IA, et éviter la fuite de cerveaux vers l’étranger, principalement aux Etats-Unis (1 ingénieur formé en France sur 6 selon les derniers chiffres). Cette vision est également partagée par plusieurs leaders européens, et le point de vue du dirigeant de Thalès sur les opportunités technologiques et stratégiques pour le continent peuvent certainement constituer une source d’inspiration pour les politiques de relance qui restent encore à déployer sur le continent.