Mario Draghi, Président de la Banque centrale européenne (BCE) de 2011 à 2019, a accepté le poste de Président du Conseil italien, après avoir été chargé par le Président italien Sergio Mattarella de constituer un gouvernement. Il succède à Giuseppe Conte, contraint à la démission après l’effondrement de sa coalition.
L’arrivée de Mario Draghi, saluée par les marchés financiers, a fait consensus auprès des partis politiques siégeant au Parlement. Une situation qui conforte le nouveau Président du Conseil italien dans ses nouvelles fonctions, renforçant le tissu des rangs politiques. M. Draghi a d’ailleurs pu compter sur l’accord, arraché in extremis au cofondateur Beppe Grillo du Mouvement 5 étoiles (M5S), pourtant réfractaire à un gouvernement Draghi. C’est donc soutenu par une majorité très large allant de l’extrême-droite de Matteo Salvini à la gauche que M. Draghi fait son entrée officielle au gouvernement italien, après avoir prêté serment samedi dernier.
Entre continuité gouvernementale et nouveautés ministérielles
Composé de politiques et de technocrates, le nouveau gouvernement a été formé pour répondre aux enjeux sanitaires et économiques qui accablent le pays. Daniele Franco, 67 ans, a été nommé ministre de l’Economie et des Finances. Fort d’une large expérience en la matière, il a passé presque toute sa carrière à la Banque d’Italie, dont il est devenu directeur général en janvier 2020 et est considéré comme un fidèle de Mario Draghi, qui lui porterait une confiance personnelle considérable.
Nasce il governo Draghi: il giuramento al Quirinale https://t.co/pBIz1toMT2
— Repubblica (@repubblica) February 13, 2021
Le nouveau Président du conseil italien a toutefois misé sur la pérennité à certains postes stratégiques : Luigi Di Maio (Mouvement populiste 5 étoiles, M5S) se maintient au poste de ministre des affaires étrangères ; la technocrate Luciana Lamorgese demeure ministre de l’intérieur, et Roberto Speranza, issu du petit parti de la gauche Libres et égaux (LeU), reste ministre de la santé. Même si M. Draghi a choisi la carte de la continuité, un « super-ministère » de la transition écologique a fait son entrée pour la première fois dans le gouvernement, une première en Italie. A sa tête, Roberto Cingolani, un physicien réputé, responsable de l’innovation technologique chez Leonardo depuis septembre 2019.
Alors que l’épidémie de coronavirus poursuit son cours sur le territoire italien avec plus de 90 000 victimes, le gouvernement, qui aura bientôt à choisir comment dépenser une enveloppe de plus de 200 milliards d’euros issue du fonds de relance européen, fait de la campagne vaccinale une priorité. Les partis politiques, désireux d’apporter leur éclairage et leurs objectifs sur la façon d’allouer ces fonds, se sont ainsi ralliés à la cause de l’ancien banquier. Mais M. Draghi, au cours de ces entretiens, l’a déjà prévenu : contrairement au gouvernement mené par Mario Monti entre 2011 et 2013 pour faire face à la crise des dettes souveraines, l’austérité budgétaire ne sera pas la recette pour redresser le pays . « Le sauveur de l’euro » devra toutefois surmonter de nombreux défis, tant économiques que sanitaires, dans une Italie qui a déjà connu l’une des pires chutes du PIB de son histoire en 2020 (-8,9 %) et qui fait face elle aussi à la lenteur de la campagne vaccinale avec moins de 2 millions d’Italiens vaccinés sur 60 millions.