Le taux de natalité en Chine a accusé une forte chute de 15% sur l’année 2020. Les évolutions sociales du pays et les modifications du rapport à la famille et au mariage ne sont pas sans conséquences sur ces chiffres et sur l’évolution démographiques du pays pour les prochaines années, selon les experts.
La politique de planification des naissances ou « politique de l’enfant unique » a été mise en œuvre dans la République populaire de Chine pendant près de 40 ans. En effet, depuis 1979, le gouvernement chinois souhaite éviter la surpopulation du pays par l’adoption de mesures pénalisant les parents de plus d’un enfant, ainsi que la réalisation d’opérations d’avortements et de stérilisations forcées. A cela s’ajoute une lente progression du rejet du mariage, qui a culminé en 2019 avec le plus bas taux de mariages de l’histoire chinoise.
Des enjeux démographiques cruciaux pour l’économie du pays
Les Chinois semblent de plus en plus réticents à l’idée de faire des enfants, notamment du fait d’un rejet de l’institution matrimoniale par les jeunes femmes ainsi qu’à cause des coûts importants en matière de logement, d’éducation et de santé. On observe ainsi que le taux de natalité est faible de manière généralisée dans l’intégralité des régions, y compris dans les zones du pays où la politique de l’enfant unique n’était pas mise en place. Il est également nécessaire d’observer ces tendances sous le regard de la « libération » des femmes du pays, en particulier citadines et éduquées. Celles-ci ne perçoivent plus le mariage comme une fin en-soi et aspirent, du fait de leurs niveaux d’instruction, des revenus plus importants dont elles bénéficient ainsi que grâce à des options de carrière de plus en plus larges, à agir de façon plus libérée. Certains analystes considèrent que ces évolutions sociétales ont inculqué dans les esprits une faible valeur à la relation parent-enfant et au statut de parent.
Ces évolutions de la démographie chinoise engendrent de nouveaux défis pour l’économie du pays. La population vieillit rapidement et les conséquences financières sur les budgets des services fournis par l’Etat s’en font naturellement ressentir. L’Académie chinoise des sciences sociales estime que d’ici 15 ans, le fonds de pension de l’Etat pourrait manquer d’argent. Des données inquiétantes lorsque l’on considère dans le même temps que d’ici 2050, un tiers de la population aura plus de 60 ans. Malgré les tentatives du gouvernement pour encourager les couples à avoir plus d’enfant, les chiffres ne montrent pas d’amélioration pour l’instant. Il semble donc de plus en plus impératif pour l’exécutif chinois de faire évoluer les mentalités pour redresser le taux de natalité dans le pays. Une urgence qui remonte chaque année plus haut dans la liste des priorités du régime de Pékin.