Face aux défis croissants du secteur de la santé, la collaboration entre start-ups et hôpitaux se révèle un levier stratégique majeur. Les premières apportent agilité et créativité, tandis que les seconds possèdent une expertise de terrain et un accès direct aux patients.
Il demeure complexe d’initier des projets communs : contraintes réglementaires, budgets serrés, interlocuteurs multiples… Pour dépasser ces obstacles, des tiers-lieux d’expérimentation émergent. Dans les Hauts-de-France, IN CITU (CHU de Lille) et GRECO EXPER (CHU Amiens-Picardie) en sont de parfaits exemples, soutenus par le plan France 2030 et sa stratégie « Santé Numérique ».
L’urgence d’innover dans un environnement sous tension
Les établissements de santé subissent une pression grandissante : vieillissement de la population, hausse des maladies chroniques, complexité des technologies… Dans ce contexte, la capacité des start-ups à développer rapidement des solutions numériques (télésurveillance, réalité virtuelle, IA, objets connectés) représente un atout précieux. Les hôpitaux, de leur côté, fournissent un cadre de test idéal, permettant de confronter l’innovation à des besoins cliniques concrets.
Néanmoins, une étude de la Fédération hospitalière de France soulignait en 2023 que 72 % des hôpitaux n’avaient jamais collaboré avec une start-up. Les raisons ? Une organisation hospitalière dense, un cadre légal pointilleux et des délais d’adoption souvent longs. D’où l’importance de l’accompagnement proposé par des acteurs tiers qui facilitent et fluidifient ces rencontres.
Les tiers-lieux : un espace de co-développement au plus près du terrain
Les tiers-lieux d’expérimentation ouvrent la voie à des partenariats structurés :
- Validation clinique accélérée : protocoles de test solides et retours immédiats des professionnels de santé.
- Évaluation médico-économique : mesures précises de l’impact réel, argument clé pour convaincre financeurs et décideurs.
- Formation continue : immersion des soignants dans l’innovation, montée en compétences, meilleures pratiques partagées.
En permettant de lever des freins (financement, expertise réglementaire, réseau), ces dispositifs sont bénéfiques pour tous : les start-ups affinent leurs solutions, tandis que les hôpitaux minimisent les risques et gagnent en compétitivité.
IN CITU et GRECO EXPER : deux piliers pour la e-santé en Hauts-de-France
Lancé en 2022, IN CITU (CHU de Lille) a déjà accompagné plusieurs start-ups prometteuses. Son appel à projets « Agir pour sa santé » a sélectionné trois pépites :
- iAVC, start-up incubée au Bio-Incubateur Eurasanté, pour la géolocalisation de patients victimes d’AVC (solution ROMAIN).
- Happlyz Medical, start-up incubée au Bio-Incubateur Eurasanté, facilitant la rééducation respiratoire par la gamification (solution LORIO).
- Aidette, proposant des exercices cognitifs via une montre connectée vocale.
De son côté, GRECO EXPER (CHU Amiens-Picardie), lauréat 2024 de la 3ᵉ vague Tiers-Lieu d’Expérimentation, concentre son action sur la médecine interventionnelle personnalisée et la robotique chirurgicale (Centre SimUSanté®, IA, dispositifs médicaux innovants).
Ensemble, ces deux tiers-lieux offrent à la filière e-santé régionale un écosystème complet. Leur complémentarité favorise le partage d’expertises, accélère l’émergence de solutions de pointe et contribue au rayonnement du territoire, déjà riche de 140 entreprises e-santé (en 2024).
Qu’il s’agisse d’améliorer l’autonomie des patients, d’alléger la charge des soignants ou de fiabiliser les interventions médicales, la coopération entre start-ups et hôpitaux est incontournable. En s’appuyant sur des tiers-lieux comme IN CITU et GRECO EXPER et le site d’excellence Eurasanté, la région Hauts-de-France offre un exemple de synergie vertueuse : de l’idée à la mise en pratique, l’innovation est testée, validée et déployée en conditions réelles. Une dynamique appelée à se renforcer face aux défis futurs, dans un secteur où l’agilité, la performance et la pertinence clinique sont plus que jamais essentielles.
