Thomas Meyer (Socaps) : « Remettre en question les paradigmes traditionnels pour des modèles d’affaires durables »

Publié le 07 décembre 2024

Avec une volonté commune de valoriser les décideurs qui ont placé l’engagement au cœur de leur activité, l’Institut Choiseul et la Communauté Les Entreprises s’engagent ont lancé l’Initiative Leadership Engagé en 2023. Cette plateforme animée par la publication d’un palmarès annuel veut apporter un éclairage sur les nouvelles frontières de l’engagement, les bonnes pratiques à reproduire et comment ces dernières peuvent être porteuses d’innovation. Aujourd’hui, dans la lignée de sa série d’articles « Parole de leader engagé », Choiseul Magazine donne la parole à Thomas Meyer, Directeur général de SOCAPS et lauréat du palmarès Les 40 leaders qui s’engagent en 2024. 

Qu’est-ce qu’un dirigeant engagé, selon votre expérience ?

Être un dirigeant engagé, c’est pour moi ancrer ses décisions dans une vision à long terme et qui place les impacts sociaux et environnementaux de son activité au cœur de cette vision. Cela signifie se poser sans cesse la question : quel est le sens de notre action ?

En ça, un dirigeant engagé dépasse la recherche de la seule performance économique, ne vise pas la profitabilité comme objectif principal mais a une ambition plus large pour que les entreprises participent à l’évitement et à la résolution des crises toujours plus intenses et polymorphes.

Cette vision doit être incarnée dans chaque décision et action. Pour cela, il faut remettre en question les paradigmes traditionnels pour développer des modèles d’affaires durables et inclusifs, favoriser la co-construction, en interne avec les collaborateurs, mais aussi avec les partenaires externes et les communautés, pour co-créer des solutions aux enjeux sociétaux de notre temps.

De quelle action concrète, emblématique, êtes-vous particulièrement fier(e) ? Avez-vous déployé une innovation en termes d’engagement de votre entreprise, que vous aimeriez voir dupliquée ailleurs ?

Nous avons chez SOCAPS adopté la qualité de Société à Mission en 2021. A cette occasion nous avons clarifié les chantiers prioritaires de notre mission en commençant par le « People » : culture de la sécurité, réflexes de solidarité et de transmission, handicap et parité dans l’industrie… autant de chantiers prioritaires people dont nous sommes particulièrement fiers et qui viennent consolider notre culture d’entreprise.

Sur le volet environnemental nous avons mis en place notre démarche d’achats responsables 360° et engagé la décarbonation de nos activités avec la réduction de moitié de notre intensité carbone par rapport à 2019 grâce à une modification de notre système de planification et le choix de la proximité pour nos interventions techniques pour limiter au maximum les modes de transports émetteurs. Nous avons aussi renoncé à l’assistance technique de certaines industries très fortement émettrices de gaz à effet de serre (là où nous n’avions pas la taille critique pour changer la donne) pour nous concentrer sur l’ouverture d’une nouvelle filière « CleanTech » dans notre clientèle regroupant l’ensemble des technologies permettant de réduire l’empreinte de l’homme sur l’environnement. Cette filière représente désormais 5% de notre chiffre d’affaires !

Comment enfin « passer la seconde » de l’engagement et aligner toute entreprise et activité économique avec des objectifs économiques et sociaux concrets ? Si vous pouviez agir d’un coup sur tout l’écosystème, quelle mesure prioriseriez-vous pour massifier l’engagement, transformer les modèles de l’économie, d’ici à 2030 ?

La première chose à dire, c’est que ce que nous avons fait chez SOCAPS pourrait tout à fait être dupliqué ailleurs. Nous sommes ouverts à partager notre expérience pour inspirer d’autres entreprises à suivre cette voie, car nous croyons fermement que le changement passe par la mise en commun des bonnes pratiques. Notre choix de devenir une Société à Mission a été une démarche volontaire et… auto-contrainte (donc fondamentalement entrepreneuriale) ! Ce choix a permis d’inscrire dans le temps long notre engagement. A l’heure de la CSRD et des réformes perçues comme de nouvelles contraintes administratives, il est essentiel de rappeler que tous les labels, audits, rapports doivent rester à leur place : des outils au service de la vision de l’entreprise !

L’émergence d’une Société à Mission européenne (Purpose Driven Company) est la meilleure chance que nous ayons pour consolider une vision européenne de l’entreprise. Si l’entreprise est le plus puissant levier de transformation positive de la société dont nous disposions à l’heure actuelle, il est essentiel que le droit permette, protège et encourage les entreprises qui s’engagent dans ce chemin. La CSRD sans Mission ne sert à rien !

Pour retrouver le palmarès Les 40 leaders qui s’engagent en 2024, réalisé par l’Institut Choiseul et Communauté Les Entreprises s’engagent, rendez-vous sur le site de Choiseul France.