Emmanuelle Martiano Rolland : « Développer des algorithmes uniques pour de meilleurs traitements »

AQEMIA combine intelligence artificielle générative et physique théorique pour accélérer le développement de nouveaux médicaments, notamment contre le cancer. En plus de son partenariat récent avec Sanofi, l’entreprise développe ses propres molécules thérapeutiques. Fondée en 2019, AQEMIA réunit aujourd’hui soixante experts aux profils variés, qui travaillent sur la conception de molécules susceptibles de devenir des candidats médicaments. Avec la clôture de sa récente levée de fonds et la volonté de lancer un grand nombre d’initiatives thérapeutiques, AQEMIA entend jour un rôle déterminant dans l’invention de médicaments pour soigner les maladies incurables. Rencontre avec sa co-fondatrice et COO, Emmanuelle Martiano Rolland, lauréate du palmarès Choiseul Top 40 Santé 2024.

Fin 2023, vous avez signé un contrat de 140 millions de dollars avec le géant pharmaceutique Sanofi. Pourriez-vous revenir sur la genèse de ce partenariat ?

Cette collaboration avec Sanofi a marqué une étape clé dans notre belle aventure scientifique, sachant que dès notre création en 2019 leurs équipes se sont montrées enthousiastes à travailler à nos côtés pour valider l’application de la physique statistique et de l’intelligence artificielle à la recherche de médicaments.

Nous avons signé dès fin 2020 notre premier contrat avec Sanofi pour travailler ensemble à concevoir des molécules sur leurs programmes. Nous avons ensuite régulièrement renouvelé notre collaboration sur la base de nos bons résultats communs. C’est suite à ces succès qu’en 2023 nous avons décidé d’étendre notre collaboration sur un périmètre plus large (plusieurs programmes, plusieurs indications).

Cette collaboration est une belle preuve de notre capacité à générer de la valeur pour la recherche de médicament, l’objectif étant de combiner leur expertise en R&D avec notre approche d’IA générative alimentée par une physique unique, pour accélérer le design de nouvelles molécules-médicaments, et offrir plus rapidement aux patients des traitements plus efficaces.

Comment l’intelligence artificielle générative et la physique atomique quantique, deux innovations de pointe auxquelles vous avez recours, permettent-elles d’accélérer la découverte de nouveaux médicaments ?

AQEMIA s’appuie sur une approche unique issue de plus de 10 années de recherche académique menée par Maximilien Levesque, CEO d’AQEMIA, à l’École normale supérieure-PSL. Cette approche combine physique statistique, physique quantique et mathématiques. En 2017, il reçoit un prix de l’American Institute of Physics pour avoir résolu une équation fondamentale de physique, mettant en lumière la possibilité d’appliquer sa découverte à la recherche de médicaments.

Concrètement, nos algorithmes uniques de physique sont capables de prédire en quelques minutes l’efficacité potentielle d’une molécule contre une maladie, là où les autres méthodes prennent des dizaines d’heures.

Nous en tirons le plein potentiel en combinant nos prédictions avec une IA générative : l’IA invente dans l’ordinateur des millions de molécules et la physique priorise de manière extrêmement efficace les meilleures d’entre elles, guidant ainsi l’IA vers les molécules les plus prometteuses pour traiter une maladie. Cela permet de trouver plus vite des molécules potentiellement très innovantes pour guérir des maladies non traitées aujourd’hui.

Quelles sont, à vos yeux, les prochaines étapes de développement d’AQEMIA ?

Nous nous apprêtons à franchir une étape importante dans notre développement, notamment en ce qui concerne les essais cliniques. Actuellement, trois de nos programmes internes sont testés in vivo, sur des souris, dans le cadre du traitement de certains cancers. Notre ambition est désormais d’être prêt à amener nos meilleurs programmes en clinique – chez les patients – d’ici fin 2025 ou en 2026.

En parallèle, nous avons des objectifs de recrutement ambitieux car nous continuons de grandir et de renforcer nos équipes sur toutes nos expertises, scientifiques, médicales ou technologiques, pour pouvoir lancer de nouveaux programmes de recherches de médicament et continuer d’accélérer la découverte et le design de nouveaux médicaments.

Cet entretien a été réalisé dans le prolongement du palmarès Choiseul Les 40 qui incarnent l’innovation en santé, à retrouver en intégralité sur le site de Choiseul France.