Donner une place aux innovations dans notre système de santé : un défi à relever !
La France est à un tournant décisif de son système de santé, illustré par deux défis majeurs : continuer à financer son système de santé, tout en permettant à un maximum de patients et de soignants de profiter des dernières innovations médicales.
Le premier défi, de nature démographique, est bien connu et provoque une augmentation des besoins et donc des dépenses en santé. Cette situation crée une tension budgétaire croissante qui menace la pérennité du système.
En parallèle, les innovations technologiques se développent à un rythme sans précédent : l’intelligence artificielle, en particulier, promet des gains d’efficience considérables, tant dans la prise en charge des patients que dans la gestion des ressources.
Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins, avec deux futurs possibles. Le premier, dangereux, serait de laisser ces innovations suivre les lois du marché. Une financiarisation accrue du secteur de la santé, où la technologie ne profiterait qu’à ceux qui en ont les moyens, aggraverait inéluctablement les inégalités de santé.
L’autre chemin, plus ambitieux mais plus juste, consisterait à intégrer ces innovations dans un cadre défini par l’État, assurant un financement adéquat et une régulation efficace. Ce cadre légal n’existe aujourd’hui pas pour de nombreuses innovations, pourtant qualifiées de Dispositifs Médicaux. Elles ne possèdent aucune voie permettant leur évaluation, financement, ou diffusion. Les outils à base d’intelligence artificielle sont particulièrement concernés, du fait de leur essor récent.
Pourtant, la France est dotée d’institutions comme la HAS parfaitement à même d’évaluer le bénéfice des ces outils, comme elle le fait déjà pour les médicaments ou d’autres innovations thérapeutiques. L’Assurance maladie est également parfaitement capable d’assurer ensuite son rôle de payeur pour ces innovations, dès lors que le prix fixé est jugé juste pour le système de santé. Le modèle existe, et il est censé être vertueux : profiter des gains d’efficience pour financer l’innovation, et ainsi la diffuser à l’ensemble des patients.
Ne nous trompons pas : en tardant à légiférer et à donner une place à ces outils dans notre système de santé, nous ne faisons pas d’économies.
Nous creusons au contraire les inégalités futures, et perdons l’opportunité d’améliorer l’efficience du système de santé. Nous ne pouvons pas attendre, et les décisions que nous prendrons aujourd’hui détermineront l’avenir de notre système de santé pour les décennies à venir.