Les clés de la prospérité de l’Afrique de l’Ouest

Publié le 11 septembre 2024

Déchirée, instable, confrontée aux influences étrangères… les observateurs internationaux ne manquent pas de qualificatifs sur la situation politique dans la sous-région ouest-africaine, secouée par une série de coups d’État depuis 2019 et l’arrivée de juntes militaires à la tête de plusieurs pays clés pour l’équilibre de la région, dont le Mali et le Niger.

Alors que Bamako, Niamey et Ouagadougou ont annoncé leur volonté de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), laissant planer le risque d’une remise en question de l’intégration régionale, l’année en cours pourrait sceller l’avenir de la cohésion de la sous-région ainsi que son potentiel économique à long terme. Les soubresauts régionaux seront scrutés par des investisseurs et une communauté internationale préoccupés par les images et récits de troubles sociaux et politiques qui font depuis plusieurs années les titres de l’actualité.

Malgré des prévisions de croissance enviables de 5,9 % en 2024, le potentiel de l’Afrique de l’Ouest reste irrémédiablement plombé par les crises en cours. Il revient aux gouvernements de promouvoir des cadres d’action collective et de mener des efforts concertés entre les États de la sous-région, avec l’appui des organisations multilatérales, pour promouvoir la paix et la stabilité, tout en créant un environnement propice aux investissements et à une croissance économique durable.

Pour se faire, la communauté internationale pourrait s’appuyer sur des pays tels que le Togo ou le Sénégal, qui se distinguent par leur engagement en faveur du multilatéralisme, y compris en privilégiant de nouveaux partenariats hors du continent. Tous deux adoptent une diplomatie de proximité avec les pays membres de l’UEMOA et de la CEDEAO. Le Togo a maintenu le dialogue avec les juntes, notamment en privilégiant une résolution pacifique des crises régionales.

Son adhésion au Commonwealth, en 2022, constitue un exemple inspirant de politique étrangère active, alliant renforcement des liens régionaux et ouverture vers des aires culturelles et de prospérité extérieure. Le pays a notamment réussi à asseoir sa crédibilité auprès de ses partenaires grâce au succès de réformes économiques et sociales ambitieuses, permettant une réduction de la dette sous la barre des 55 % du PIB, ainsi qu’une forte augmentation de l’IDH et du taux d’alphabétisation, qui dépasse les 84 % chez les 15-24 ans.

Pour sa part, le Sénégal, où vient de se jouer une énième alternance démocratique, offre une lueur d’espoir, en ce sens que ce pays a toujours poursuivi une politique extérieure volontariste, privilégiant à la fois intégration régionale et ouverture sur le reste du monde.

En réaffirmant la priorité à l’intégration africaine, les nouvelles Autorités sénégalaises pourraient ainsi servir de pont entre différents acteurs de la Sous-région, pour contribuer à rétablir la stabilité, réaliser la CEDEAO des Peuples, tout en préservant les partenariats internationaux. Ces efforts sont d’autant plus essentiels que la CEDEAO était perçue comme l’un des modèles d’intégration les mieux abouties à l’échelle africaine.

En tout état de cause, c’est en jouant collectif que les gouvernements de la sous-région pourraient offrir des opportunités économiques à leur population constituée en majorité de jeunes et envoyer ainsi un signal fort à la communauté internationale : celui d’une Afrique de l’Ouest déterminée à s’affirmer et à innover politiquement et économiquement, pour garantir  la stabilité et la  prospérité, à ses populations.