Le logement, la crise qui vient

Publié le 01 août 2024

Début février, le Premier ministre avait mis en avant trois urgences pour ses 100 premiers jours : la jeunesse, l’accès aux soins et le logement. Pour ce dernier, la crise n’est pas que liée à la remontée des taux d’intérêts.

En 2023, 57 % des ménages métropolitains sont propriétaires de leur résidence principale. Comme en 2006, alors que nous avons connu les taux d’intérêt les plus bas de l’histoire économique moderne. Or la France est l’un des pays qui présentent le plus fort écart de propriété entre les ménages les moins aisés et les plus aisés. Comme les parcours d’accession à la propriété sont bloqués, les gens restent locataires plus longtemps, ce qui empêche les nouveaux ménages en formation de trouver des logements.

Ce problème a été masqué parce que notre pays a beaucoup construit de logements neufs pendant vingt ans, plus que presque tous les autres pays développés. Cela a permis d’augmenter le parc social et d’améliorer globalement la qualité des logements du parc. Mais ce mouvement s’est brutalement interrompu.

Recours croissants des riverains, baisse des ressources propres dont la taxe d’habitation et donc difficulté à répondre aux besoins d’habitants supplémentaires, refus de la densité chez certains élus locaux, zéro artificialisation nette qui pousse à un malthusianisme foncier… Désormais nous produisons 250 000 logements nets supplémentaires par an, là où il en faudrait 450 000.

A cela viendront s’ajouter les logements que nous aurons interdits à la location parce que considérés comme des passoires énergétiques du fait du diagnostic de performance énergétique. Nous risquons de connaître le même sort que nos voisins qui n’ont pas suffisamment construit. Il suffit de voir ce qui se passe au Royaume-Uni où la colocation est la règle que vous ayez 20 ou 50 ans, où les abris de jardin, les caves et les greniers sont devenus logements malgré eux.

Pour résoudre la crise, le futur Premier ministre va d’abord devoir lutter contre sa haute-administration qui est convaincue qu’il n’y a pas besoin de produire des logements. Il va devoir avancer main dans la main avec les élus locaux. La transformation bureaux-logement n’avance pas parce qu’il est impossible pour un maire rationnel d’accepter la transformation d’un immeuble qui rapporte des taxes en un immeuble de logements pour lequel il va devoir déployer de multiples services publics. Le Premier ministre devra également aménager la règlementation environnementale car si nous partageons tous l’impératif de la lutte contre les gaz à effet de serre, il y a un ordre des priorités entre loger, loger bien et loger vert.