Céline Brucker, directrice générale de L’Oréal France : la beauté pour engagement
De HEC à L’Oréal Etats-Unis, la trajectoire fut directe, l’expérience déterminante pour cette jeune chef de produit qui accomplit un parcours états-unien de neuf ans au sein de la marque française. L’Oréal la rapatrie en Europe pour lui confier la direction du marketing de Garnier. En 2009, elle est nommée directrice générale de L’Oréal Paris en France, première a ce poste et, quatorze années réussies plus tard dans la galaxie beauté, la voila directrice générale de L’Oréal France.
Vous êtes à la tête d’un groupe international, porteur de toute l’image de la beauté française. Vous devez avoir les mots pour le définir ?
En 115 ans, le Groupe L’Oréal est devenu un emblème de l’excellence, de l’innovation et des savoir-faire français dans plus de 150 pays.
Notre raison d’être, créer la beauté qui fait avancer le monde, définit cette vision de la beauté, essentielle, inclusive, éthique, généreuse. Avec un portefeuille de 37 marques internationales et des engagements sociaux et environnementaux ambitieux, nous offrons à nos consommateurs partout dans le monde le meilleur en matière de qualité, d’efficacité, de de responsabilité, tout en célébrant la beauté dans son infinie diversité. C’est ce que nous appelons « l’Universalisation » de la beauté. C’est cette mission qui occupe au quotidien nos 88 000 collaborateurs dans le monde, quel que soit leur métier.
Voila un an que vous portez les couleurs de la filiale France de L’Oréal. L’heure d’un premier bilan et de quoi vous projeter vers les enjeux à venir ?
C’est une fierté pour moi de diriger ce marché. La France a une place singulière pour 3 raisons : c’est le berceau historique, patrimonial et culturel de notre entreprise ; c’est le vaisseau amiral de nos investissements dans la décarbonation de l’industrie et dans la Recherche ; et, enfin, c’est un marché en croissance, où nous sommes leader, porté par la popularité des marques et le dynamisme d’équipes passionnées de beauté.
Dans un contexte volatile, notre filiale a enregistré en 2023 une croissance forte dans toutes ses Divisions, sans exception.
La Division des Produits Grand Public poursuit sa stratégie de démocratisation et de premiumisation (NDLR : montée en gamme) avec des produits accessibles, sans concession sur la qualité, et touchant ainsi 40 millions de consommateurs. Le nouveau mascara Falsies Surreal de Maybelline New York ou des franchises et marques populaires, comme Ultra Doux de Garnier, Mixa ou DOP, s’inscrivent dans ce mouvement.
Deuxième secteur d’emplois directs et indirects de l’artisanat en France[1], la coiffure représente un enjeu économique d’importance, tant pour le pays que pour la Division des Produits Professionnels. L’Oréal accompagne les coiffeurs dans la transformation de leur métier, la transition écologique (via le programme « Coiffeurs pour le Futur ») mais aussi le digital.
De son côté, la performance de L’Oréal Luxe témoigne de l’excellence de la tradition cosmétique française. Lancôme, Carita ou encore Yves Saint Laurent en sont les emblèmes. En 2023, la campagne « Lancôme x Louvre » illustre cet équilibre entre héritage et innovation.
Et enfin, en répondant aux besoins accrus de santé et de soins, la Division Beauté Dermatologique enregistre une croissance exceptionnelle.
Vous aimez insister sur l’essentialité de la beauté, en particulier du fait de son lien fort avec les problématiques de santé.
La beauté et la santé puisent leurs origines dans les soins corporels, l’hygiène et la prévention des maladies. Les cosmétiques embellissent, soignent et renforcent la confiance en soi. Physiquement et mentalement.
Plus de 2 milliards d’individus souffrent de problèmes cutanés. Ces pathologies sont au 4e rang des maladies reconnues comme affectant le plus la qualité de vie. Elles touchent 1 Français sur 3 avec des conséquences graves pour plus de la moitié d’entre eux (54 %) comme l’anxiété et la dépression.
Aujourd’hui ce n’est pas un hasard si notre Division dédiée à la dermocosmétique[2] est l’une de nos plus dynamiques. Avec un portefeuille de marques complémentaires – des plus médicales aux plus esthétiques – nous bénéficions d’une supériorité scientifique issue de la recherche L’Oréal. Cette expertise pointue (comme la science du microbiome chez La Roche-Posay ou les anti-oxydants avec SkinCeuticals) nous permet d’avoir un lien fort avec tous les professionnels de santé (via notamment les publications scientifiques ou des études cliniques). La Roche-Posay par exemple est la marque la plus prescrite en soins de support pour soulager les effets secondaires en oncologie ou faciliter la cicatrisation.
Un autre projet me touche beaucoup et rend fières nos équipes : le partenariat avec Emmaüs Solidarité qui nous permet d’ouvrir des espaces de bien-être accessibles aux personnes en situation de précarité, pour favoriser leur resocialisation et leur reconstruction à travers l’estime de soi et le soin de soi.
Pourquoi parle-t-on de L’Oréal comme d’un employeur de référence ?
Eugène Schueller, le jeune chercheur et entrepreneur qui fonde L’Oréal en 1909, avait l’habitude de dire que « diriger, c’est diriger des cerveaux et des cœurs ».
Cette vision est un des piliers de la réussite de L’Oréal et régulièrement, le Groupe figure dans le top 3 des meilleurs employeurs de France[3].
L’Oréal est aussi connu pour donner leur chance aux jeunes et aux seniors. Avec le programme L’Oréal pour la Jeunesse, l’objectif est de réserver 25 000 opportunités professionnelles aux moins de 30 ans d’ici à 2025. Le Groupe propose des mesures de tutorat et de formation afin d’accompagner les plus de 50 ans. La transmission des savoirs sera toujours au cœur de notre modèle.
Et enfin, au-delà des 15000 collaborateurs directs en France, notre empreinte économique est plus large : ce sont en réalité près de 94 000 emplois générés par notre activité, celle de nos fournisseurs et de nos distributeurs dans l’économie française[4].
Vous aimez aussi parler des métiers et de certains savoir-faire patrimoniaux qui ne sont pas toujours spontanément associés à L’Oréal…
Nos marques sont des « joyaux » dépositaires d’un capital immatériel conséquent. Elles sont ancrées dans la culture française et constituent aujourd’hui des repères individuels et collectifs : Studio Line de L’Oréal Paris, Dop, Cadum, Trésor de Lancôme, Lou de Cacharel, la Vie est belle de Lancôme, etc.
Ce qui est parfois moins connu c’est effectivement cette relation aux métiers d’art et aux savoir-faire patrimoniaux.
L’Oréal a cette capacité à allier une force de production aux talents d’un vaste tissu de créateurs et d’artistes comme Mugler, Saint-Laurent, Valentino ou Prada.
Autre exemple : le Groupe est partenaire depuis de longues années de la Haute Coiffure Française, véritable institution d’excellence qui promeut des standards élevés dans le monde entier. Nous avons d’ailleurs inauguré en septembre dernier l’immeuble Le Visionnaire, au 14 rue Royale à Paris, entièrement rénové. C’est là que qu’Eugène Schueller a installé la première « Ecole technique des Arts de la Coiffure ». Ce lieu témoigne de notre attachement à la création et à la transmission.
Enfin et surtout, notre Division L’Oréal Luxe est elle aussi dépositaire d’un savoir-faire unique en France et reconnu dans le monde entier : le parfum. L’Oréal porte en grande partie ce rayonnement à l’international. Nous avons donné naissance à des fragrances emblématiques qui ont marqué l’histoire des parfums, soit en brisant les codes, soit par leur succès continu.
Nous avons maintenu toutes ces expertises en France, elles engagent toute la filière : de l’ingrédient, en passant par la création des jus, la production des flacons en verre, la mise en bouteille, jusqu’au produit fini. C’est une chaine de valeur inestimable.
[1] Source : étude de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec).
[2] Division Beauté Dermatologique
[3] Classement du magazine Capital, édition 2023.
[4] Chiffres issus de l’étude d’impact économique d’Asteres pour L’Oréal en France, 2023.