Licornes, centaures… Nombreuses sont les créatures mythologiques qui peuplent désormais notre imaginaire économique.
En moins de 20 ans, la licorne, galopant tout droit depuis la Silicon Valley californienne, s’est rapidement érigée en Saint Graal dans notre pays. Le nombre de licornes en France, start-ups évaluées à plus d’un milliard de dollars, est devenu pour beaucoup le nouvel indicateur de la performance économique nationale. Modèle surmédiatisé, il est aujourd’hui remis en question car jugé « court-termiste ».
Avec le tarissement des financements et la multiplication des critiques quant à la valorisation excessive de ces entreprises, une autre créature imaginaire a progressivement fait son apparition : le centaure. Popularisé par le fonds de capital-risque Bessemer Venture Partners, le modèle du centaure est celui d’une start-up qui génère plus de 100 millions de dollars d’ARR (annual recurring revenue), l’équivalent du chiffre d’affaires. Exit donc la valorisation, place aux revenus, mais toujours pas la rentabilité.
Les PME et ETI, grandes oubliées du narratif collectif
Face à ce bestiaire mythologique, force est de constater que les PME et ETI françaises sont les grandes oubliées de ce narratif collectif qui promeut la réussite entrepreneuriale. Pourtant, ces sociétés sont le cœur et le poumon du tissu économique français. Les grands enjeux de notre pays, comme la réindustrialisation et la transition écologique, passeront en premier lieu par les PME et ETI françaises qui représentent la grande majorité des emplois dans notre pays. Il est donc temps de promouvoir à leur juste valeur ces entreprises. Elles affichent pour la plupart une rentabilité solide, condition sine qua none, s’il fallait le rappeler, au développement, à l’innovation et donc à la création d’emplois.
Place aux lionnes !
Ni des licornes, ni des centaures, ces entreprises en croissance durable sont des Lionnes : ancrées dans le réel, elles sont ambitieuses, véloces et solides. Déjà matures, elles savent également prendre des risques et chasser de nouveaux marchés avec un talent hors norme. Elles sont aussi le symbole du collectif : les lionnes sont conquérantes pour mieux subvenir aux besoins de leur « clan ». A l’heure où les questions du partage de la valeur et du sens au travail n’ont jamais été aussi présentes, tâchons de donner toute sa place à cet animal qui n’en a pas fini de rugir.
Les intertitres sont de la rédaction. Cette tribune est à retrouver dans le premier numéro de Choiseul Magazine, disponible en kiosque depuis le 25 octobre 2023.