L’exécutif envisage de soutenir le développement de mini-réacteurs nucléaires
Emmanuel Macron a annoncé qu’un milliard d’euros du plan France 2030 serait consacré au secteur de l’énergie nucléaire pour relancer et accroitre la compétitivité industrielle de la France.
Le Président de la République a indiqué lors de l’annonce du plan France 2030 et du milliard d’euros débloqués au profit de la filière nucléaire, vouloir « faire émerger en France d’ici à 2030 des réacteurs nucléaires de petite taille innovants avec une meilleure gestion des déchets ». Les « Smart modular reactors », sont des petits réacteurs modulaires, une technologie de pointe qui sont à l’étude partout dans le monde. Ils sont très puissants par rapport aux réacteurs qui font actuellement partie du parc nucléaire français.
L’énergie nucléaire est un sujet qui risque d’ailleurs de cristalliser les débats en cette période de campagne présidentielle. En France, la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité est de 70%, et les besoins en électricité en croissance, les prix de l’énergie en forte augmentation et l’utilisation de l’énergie nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique sont autant de sujets qui font réagir et s’opposer l’ensemble de la classe politique.
Une technologie de pointe principalement destinée à l’exportation
Emmanuel Macron l’avait déjà annoncé en janvier dernier, « Avec une enveloppe de 50 millions d’euros, le plan de relance investi sur deux ans dans la réalisation d’un avant-projet sommaire et engage ainsi la France dans la compétition mondiale sur les SMR. Il nous faut rapidement rattraper le retard, considérer aussi toutes les options de partenariat envisageables et nous positionner sur ce segment ».
En France, c’est EDF qui pilote le projet depuis 7 ans. Ce projet intitulé Nuward qui réunit le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), la société TechnicAtome et le constructeur militaire Naval Group n’est pas encore abouti. La France n’est pas la plus avancée par rapport au reste du monde, puisqu’il est déjà en phase de certification aux Etats-Unis et au Canada et en cours d’implantation en Chine ou en Russie notamment. Renaud Crassous, responsable du projet SMR pour EDF assure : « Ce qui est vrai, c’est qu’on a commencé le développement de SMR plus tard que les États-Unis, par exemple. Mais nous ne sommes pas en retard, puisque nous espérons lancer la commercialisation à partir de 2030 ».
Dans le cadre du plan de relance, Emmanuel Macron pourrait annoncer prochainement la construction de plusieurs réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Une technologie qui pourrait donner un coup de fouet à la filière et relancer les exportations d'EDF. https://t.co/DuuQBesYvM
— Challenges (@Challenges) October 5, 2021
Ces mini réacteurs nécessitent moins d’eau pour se refroidir, n’ont pas besoin nécessairement besoin d’une intervention humaine, grâce à un mécanisme de sûreté, et sont moins complexes à produire. Il est donc plus rapide à installer et à produire. L’objectif global à terme est de remplacer les centrales à charbon et gaz utilisées à l’heure actuelle pour lutter contre le réchauffement climatique. L’objectif pour EDF est d’exporter ces nouveaux modèles de réacteurs : « Nuward s’adresse à des pays qui ont un mix énergétique assez dominé par les énergies fossiles. Ce marché-là est très important. Les premières zones géographiques auxquelles pourrait s’adresser notre offre seront l’Europe, notamment du nord et de l’est, ainsi que le Canada ».
Le milliard d’euros du plan France 2030 dédié à la filière nucléaire s’inscrit dans la part plus globale de 8 milliards d’euros dirigés vers le secteur de l’énergie pour construire une France décarbonée et résiliente. S’ils pourraient bien accélérer le développement de projets comme Nuward, Alexandre Grillat, secrétaire national CFE-CGC Energies nuance en indiquant qu’il faudrait donner une visibilité à l’ensemble de la filière quant à son avenir et ajoute, «On soutient le SMR, mais on ne l’oppose pas à l’EPR ». Virginie Neumayer (CGT) attachée au développement de l’EPR a en effet elle aussi insisté sur le fait qu’«on a besoin du parc actuel et également de lancer un grand programme pour redonner vie à un tissu industriel». Avec pour objectif de redonner à la France l’avance dont elle disposait dans ce secteur, où elle fut pionnière durant le XXème siècle.