Après plus d’un an de difficultés, le secteur de l’hôtellerie française commence enfin à voir la lumière au bout du tunnel. Avec la reprise des événements et le succès relatif de la saison estivale, les perspectives sont au beau fixe.
Entre le manque de main d’œuvre et le retour progressif de la clientèle, c’est un nouveau casse-tête que devront résoudre les professionnels de l’hôtellerie française. Une ombre au tableau qui ne devrait toutefois pas gâcher l’euphorie des professionnels du secteur, en voie de renouer avec la croissance. Après plus d’un an de soutien de l’Etat, le secteur reprend des couleurs, et semble même avoir mieux résisté à la crise que ses voisins européens. Un constat que confirme le Conseil d’analyse économique dans un récent rapport sur leur trésorerie, après l’arrêt des aides gouvernementales.
La dette nette des TPE/PME de l’hôtellerie-restauration est en effet inférieure à celles des autres secteurs, excepté en Ile-de-France. Les aides d’Etat ont limité la casse, notamment grâce au déploiement des PGE (Prêts Garantis par l’Etat). Galvanisés par une saison estivale réussie, certains professionnels s’en sont sont parfois dispensés et ont profité du retour de leur clientèle pour renflouer les caisses. C’est donc en meilleure santé financière que se présentent désormais la plupart des entreprises depuis février. Preuve en est, les faillites d’établissements ont été limitées, tandis que de nombreuses entreprises ont profité de leur fermeture pour engager des travaux de rénovation afin de mieux redémarrer leur activité dès la reprise.
Résistance et résilience du secteur en France
La saison estivale a marqué le coup d’envoi de la reprise, permettant aux établissements de dégager un revenu par chambre similaire à 2019. Malgré la mise en berne temporaire des événements, le groupe B&B Hotels a atteint 85 % de ses chiffres d’il y a deux ans dans ses quelque 500 structures européennes. Serait-ce là les signes d’un retour à la normale ? Pour ceux qui durant longtemps n’ont connu que des chambres vacantes, la réponse est positive : « on pense revenir à 100 % d’ici la fin de l’année. Honnêtement, c’est reparti à toute vitesse », se réjouit Fabrice Collet, président de la chaîne d’hôtellerie économique. Un constat partagé par Maud Bailly, directrice ACCOR pour l’Europe du Sud.
Maud Bailly, directrice ACCOR pour l'Europe du Sud : "Après des mois difficiles pour l'hôtellerie, nous avons eu un été formidable. Des réservations supérieures à 2019" pic.twitter.com/aBbyQ2yzTr
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) October 13, 2021
La tendance se confirme donc. Le marché domestique français a joué pour beaucoup dans la résilience du secteur, notamment grâce au retour des vacanciers. Le revenu par chambre des hôtels de l’échantillon MKG – orienté sur l’hôtellerie de chaîne – du 1er janvier au 30 août a fléchi de 55 % par rapport à l’année record 2019. Une baisse toute relative, compte tenu des chiffres encore moins bons côté britannique et allemand (environ -70%). Les écarts se creusent un peu plus pour le Benelux et l’Europe de l’Est, dont l’activité touristique dépend en grande partie de la clientèle étrangère. La palme du meilleur été revient ainsi à l’Hexagone.
Reste encore à attirer de nouveau la clientèle de groupes. Un bémol qui devrait toutefois se dissiper par le retour des séminaires depuis le mois de septembre. Même si plane toujours un manque de visibilité, en raison notamment des réservations de dernières minutes, MKG prévoit un repli de 8 % du revenu par chambre en France, de 13 % en Europe et de 14 % à Paris en 2022, par rapport à 2019. Quant à l’hôtellerie indépendante, celle-ci semble déjà avoir renoué avec la croissance. Avec des coûts de fonctionnement plus faibles et un effectif plus réduit, le secteur se veut plus flexibles sur les prix. Même s’il ne faut pas crier victoire trop tôt, tout porte à croire que le secteur est en bonne voie pour sortir de la crise vert le haut.