Thales veut arriver à la neutralité carbone en 2040
Face à l’urgence climatique, le groupe de hautes technologies et de défense « Thalès » s’engage à son tour dans la course contre le réchauffement. Une première pour une entreprise du secteur qui pourrait ouvrir la voie à bien d’autres.
C’est une feuille de route pleine d’ambitions qu’a dévoilé le géant de hautes technologies, de défense et de sécurité devant les représentants de la communauté financière. Après avoir réduit ses émissions de CO² de 20 % en 2020, soit deux ans plus tôt que prévu, Thales revoit ses objectifs à la hausse et table désormais sur une réduction de 35 % de ses émissions d’ici 2023 et de 40 % d’ici 2030, avant d’arriver d’ici 2040 à la neutralité carbone.
On ne compte plus les entreprises en marche pour réduire leur impact environnemental à l’heure de la relance verte. Le secteur de la défense ne semble pas déroger à la règle, avec pour chef de file Thales. L’acteur de premier plan compte désormais sur ses engagements rehaussés en faveur de l’environnement pour répondre aux enjeux ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Des engagements qui s’inscrivent dans la stratégie du groupe, disposé à répondre aux investisseurs au-delà de la performance économique et financière. « Les investisseurs nous demandent de plus en plus d’expliquer notre stratégie en matière d’environnement, de diversité et d’éthique et de détailler comment nous contribuons à un monde plus sûr, plus vert et plus inclusif », explique Patrice Caine, PDG du groupe. Pour parvenir à ses objectifs, Thales a activé plusieurs leviers tels que l’utilisation de l’électricité verte, des bâtiments tertiaires plus écologiques, une politique de voyages d’affaires plus responsable et des flottes automobiles composées de véhicules hybrides et électriques.
Une stratégie carbone sur les rails
Le géant a donc entrepris de faire le tri chez ses sous-traitants. Parmi eux, les 150 jugés potentiellement les plus émetteurs de CO² ont été sélectionnés pour garantir la compatibilité de leurs plans de réduction des émissions polluantes avec ceux du groupe. Une action qui permettra à Thales de garder un œil sur l’ensemble de sa chaîne. A cela, le groupe prévoit également d’ajouter de nouvelles gammes d’équipements et de logiciels éco-conçus qui tiennent compte de l’impact environnemental en amont du processus de conception. Thales sera ainsi plus attentif aux matériaux utilisés mais aussi aux solutions à mettre en œuvre pour rendre ses logiciels moins énergivores. Le groupe prévoit ainsi de se doter d’un portefeuille de produits entièrement éco-conçus en 2023, contre 35 % aujourd’hui.
Leader mondial sur le volet des systèmes de gestion du trafic aérien (ATM), Thales se propose par exemple d’optimiser les trajectoires de vol sans transformer les appareils actuels grâce à l’amélioration des interactions entre le contrôle aérien et le cockpit des avions. Résultat, moins 10 % des émissions de CO² pour les flottes d’avions, soit l’évitement de 100 millions de tonnes de CO² dans l’atmosphère par an d’ici à 2040.
"Aujourd'hui, nous pouvons atteindre un objectif de réduction des émissions de CO2 de 35% de nos émissions dès 2023, et non plus 20%. Et de 50% en 2030 (plutôt que de 40%).
Enfin, nous nous sommes donné un objectif de neutralité carbone « net zéro » en 2040."@Patrice_Caine #ESG https://t.co/yv7RuP4Nsv— Thales Group (@thalesgroup) October 11, 2021
Questions financières pour le secteur de la défense
Même si le groupe semble sur la bonne voie pour répondre aux engagements ESG qu’il s’est fixé, celui-ci devra avant tout convaincre la communauté financière de ses bonnes intentions. « Pour réaliser ces engagements ESG, il est nécessaire que nos économies soient stables et nos sociétés soient sûres », précise le PDG du groupe, qui assure qu’en l’absence de ces critères, il ne peut y avoir de durabilité.
Un défi supplémentaire pour le groupe qui doit aujourd’hui composer avec la méfiance de certains fonds d’investissement et certaines banques, surveillés de près par les ONG ou lobbies anti-armement. Quoi qu’il en soit et malgré ces freins, la défense et la sécurité n’en sont pas pour autant laissées pour compte. La Commission européenne vient en effet d’injecter 8 milliards d’euros dans un fonds de défense européen. Preuve que le sujet est au cœur des préoccupations européennes.