C’est un développement qui tombe à pic pour la diplomatie et l’industrie de défense françaises. Quelques semaines après le coup de semonce et l’immense colère provoqués par l’abandon du contrat Naval Group par l’Australie, la Grèce se tourne vers la France pour renforcer sa marine et son armée de l’air.
Emmanuel Macron a annoncé mardi 28 septembre un nouveau partenariat stratégique entre la France et la Grèce, intégrant en particulier la vente de trois frégates de Naval Group pour une somme de 3 milliards d’euros. Ces frégates d’intervention et de défense (FDI) seront construites à Lorient et constituent le dernier modèle de frégate militaire destiné à la Marine nationale française développé le groupe.
La Marine grecque devrait pouvoir en bénéficier dès 2025. Les frégates devraient en outre être équipes de radars Thalès, avec également des composants développés par MBDA (Airbus, BAE Systems, Leonardo), un exemple de réussite industrielle française et européenne de haut niveau. A cette décision, s’ajoute l’achat de 6 avions Rafale supplémentaires par rapport aux 18 déjà commandés, portant le montant total du contrat avec Dassault Aviation à près de 3 milliards d’euros également.
Avec la Grèce, nous actons aujourd’hui un partenariat stratégique de coopération en matière de défense et de sécurité. Il vient renforcer notre sécurité collective, notre autonomie stratégique et notre souveraineté européenne. pic.twitter.com/YSkaK4YkZ6
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 28, 2021
Une annonce dans un contexte de renforcement de la souveraineté stratégique européenne
Pour le Président de la République Emmanuel Macron, qui a annoncé ces nouveaux contrats lors d’une visite du Premier Ministre Grec Kyriakos Mitsotakis à Paris en début de semaine dernière, cette décision stratégique de la Grèce va au-delà d’un simple partenariat commercial. Le chef de l’Etat s’est en effet également félicité d’une décision cohérence avec le souhait de l’Europe de « sortir de la naïveté » sur les questions stratégiques et de défense.
Le Premier Ministre grec a lui aussi pris la parole en rappelant cette position française sur les affaires internationales : s’il n’est pas question de s’éloigner brutalement des Etats-Unis et de l’OTAN, le choix grec de développer une alliance plus étroite avec la France « ouvre la porte à l’Europe de demain, une Europe forte et autonome capable de défendre ses intérêts. » L’objectif de la Grèce est également de renforcer ses capacités militaires alors que les tensions à la Turquie ont considérablement progressé depuis quelques années.
Le choix grec entre par ailleurs en pleine cohérence avec les objectifs d’Emmanuel Macron pour développer une Europe de la défense plus autonome, une position tenue par la France depuis de longues années. « Il est de notre devoir, à nous Européens, de montrer que nous sommes solidaires avec chacun des Etats membres » a-t-il ainsi déclaré. Un avantage stratégique donc, tiré avant tout d’une réussite commerciale : les Français de Naval Group sont en effet parvenus à obtenir ce contrat malgré une compétition avec des solutions américaine, italienne, allemande et néerlandaise.