Nous avons un vrai rôle à jouer pour contribuer au défi écologique

Publié le 07 septembre 2021

« Nordiste pure souche » et lauréate des classements Choiseul 100 et Choiseul Hauts-de-France, Caroline Poissonnier est diplômée de l’École de management de Grenoble. Après deux ans d’expérience en ressources humaines, elle a rapidement décidé de rejoindre l’entreprise familiale créée par son grand-père en 1964, le groupe Baudelet Environnement, basé dans le Nord et spécialisé dans la valorisation des déchets. Elle s’est tout d’abord occupée de la communication 360° avant de prendre en charge la structuration des ressources humaines ainsi que le pilotage de la stratégie et de la gouvernance du groupe. Nommée Directrice générale adjointe en charge des fonctions supports fin 2015, elle prend avec son frère la co-direction générale du groupe début 2018. Aujourd’hui, c’est en qualité de co-Directrice générale du groupe que Caroline assure le développement et le rayonnement du groupe familial.

  • Comment le groupe Baudelet Environnement se positionne-t-il face au défi de la transition écologique ?

La relation entre déchet et transition écologique, énergétique ou climatique n’est pas naturellement intuitive, alors qu’elle existe pleinement. Au sein du groupe Baudelet Environnement, nous partons du principe que le déchet est une ressource. En ce sens, notre activité est de créer des boucles d’économie circulaire, soit à travers la valorisation de matières recyclables par exemple, soit à travers la valorisation énergétique. Par conséquent, soit on crée de nouvelles matières premières secondaires, soit on crée de l’énergie verte comme de l’électricité ou du gaz que l’on réinjecte directement dans les réseaux traditionnels. Dans les deux cas, le but est de limiter l’extraction d’énergies fossiles, cause principale des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons un vrai rôle à jouer et sommes dans un cercle particulièrement vertueux pour, à notre échelle, contribuer au défi écologique.

De plus, la taille du groupe Baudelet Environnement est idéale pour nous positionner comme « agitateur de la filière déchets », une filière qui doit se réinventer.

Pour illustrer cela, nous avons récemment lancé une plateforme d’appel à projets valorisonsnosdechets.com, en direction de startups proposant de nouvelles solutions en matière de valorisation et ce autour de plusieurs thématiques comme la chimie des matériaux ou encore la digitalisation des activités du déchet… L’intérêt est d’accompagner les lauréats de cet appel à projets, qui j’en suis sûre, nous aideront à révolutionner nos idées en matière de valorisation des déchets.

  • Depuis 3 générations, le groupe Baudelet Environnement est un groupe familial ancré dans les Flandres. Ce territoire reste le point d’ancrage de vos activités. Comment voyez-vous la valeur ajoutée de ce territoire des Hauts-de-France vis-à-vis du développement de vos activités ? Y avez-vous trouvé un écosystème d’acteurs, publics et privés, qui vous permettent de mettre en place ces cercles vertueux dont vous parlez ?

La région des Hauts-de-France est évidemment notre région historique d’attache. Cela dit elle est aussi la 4ème région économique de France, et est située au centre du triangle « Londres-Paris-Bruxelles », ce qui lui vaut d’être un véritable carrefour européen. Je pense que c’est une région idéalement placée pour tous types d’activités et que peu de territoires peuvent s’en vanter.

Par ailleurs, les Hauts-de-France sont aussi un territoire très riche en termes de réseaux, ce qui constitue un soutien de poids lorsque l’on veut développer son entreprise. Les quelques 300 000 entreprises du territoire peuvent bénéficier de réseaux tels que le MEDEF, le réseau Alliances, Entreprises et Cités, mais aussi le FBN (Family Business Network) qui est important pour moi, étant personnellement attachée au family business. Tout cet environnement constitue un écosystème hyper facilitateur pour le développement des entreprises, et un territoire particulièrement fertile. Les pôles de compétitivité comme EuraTechnologies, EuraSanté ou encore Rev3, regroupent bon nombre d’initiatives autour de la transformation écologique et du développement durable sur la région, un pilier dans les Hauts-De-France !

Je pense qu’on peut difficilement rêver meilleur territoire pour notre secteur d’activités. Indépendamment de cela, ce qui est propice au développement et à l’innovation, c’est l’attractivité des Hauts-de-France, notamment en termes d’enseignement dans le secondaire ou même de culture en général. Il y a globalement une qualité de vie particulièrement intéressante et attractive dans cette région.

  • La transition écologique est une dynamique collective et une activité de tous les jours. Comment faites-vous pour initier et soutenir cette dynamique au sein de l’entreprise ?

Je pense que la première chose est d’être convaincu soi-même. Au sein du groupe Baudelet Environnement, nous sommes indéniablement convaincus de ce que nous faisons, de l’importance et de l’intérêt de notre démarche, ainsi que du rôle que nous avons à jouer. C’est sans aucun doute ce qui transpire le plus, à travers notre activité en général mais aussi nos prises de parole, notre communication et notre rayonnement dans les médias.

Ensuite, il faut ajouter à cela la façon dont on impulse les dynamiques collectives au sein de nos équipes, comme vous l’avez dit. Pour ce faire nous travaillons vers une co-construction de l’avenir du groupe avec l’ensemble de nos salariés, pour les embarquer dans un projet commun et ce à travers un projet d’entreprise qui porte une vision ou encore un plan stratégique à horizon 2025. Nous mettons en place des formations, et travaillons beaucoup en intelligence collective. Tout cela crée une dynamique et une émulation autour de la transformation de notre métier, et de ce que doit être Baudelet Environnement demain.

Nous gardons toujours à l’esprit cette idée-clé, de toujours entrainer les équipes autour de ces valeurs et enjeux, de ce que l’on veut faire de notre société. Nous venons par exemple de candidater aux « Trophées de l’Economie Responsable » du Réseau Alliances, pour faire connaitre toujours plus notre entreprise et challenger notre modèle RSE. Nous avons en effet lancé une dynamique RSE très forte depuis quelques années, qui s’est aussi concrétisée en 2020 par la création du « Fonds de dotation Jean Baudelet ». À travers ce fonds, nous engageons nos équipes pour soutenir des associations et des initiatives individuelles ou collectives, autour de la sensibilisation à la transition écologique et de l’inclusion professionnelle des personnes éloignées de l‘emploi.

Nous avons par exemple créé un jeu baptisé « Mission Valorisation », avec une start-up roubaisienne nommée Sloli qui invente des jeux responsables, ludiques et en local. Nous présentons ce jeu dans les écoles et les associations portant un projet sur la transition écologique et plus particulièrement la valorisation des déchets. Les hommes de demain sont les enfants d’aujourd’hui. Il est donc de notre responsabilité sociétale d’aller expliquer pourquoi la transition écologique, énergétique et climatique est si importante. Plus nous donnerons les bons réflexes et le bon état d’esprit à la jeune génération, plus cette transition pourra s’opérer naturellement. Nous soutenons également la « Cravate Solidaire », qui pratique du réemploi de vêtements pour accompagner des individus cherchant à se réinsérer dans le milieu professionnel.

Avec mon frère, Jean-Baptiste, nous faisons faire rimer convictions avec actions. Nous ne souhaitons pas rester au niveau du discours médiatique, mais bien traduire concrètement notre vision à travers des projets qui permettent de fédérer tout le groupe Baudelet autour de la même dynamique.

  • En tant que dirigeante, comment vous avez vécu l’année difficile qui vient de s’écouler ?

Du mieux possible, ai-je envie de dire. Je pense que personne ne peut affirmer qu’il a vécu une bonne année. Néanmoins, on peut aussi regarder cette période sous l’angle de la résilience, puisque cela nous a obligé à la remise en question, à l’émergence de nouvelles méthodes de travail. Une fois que la phase d’abattement est passée, il faut se questionner sur le moyen de rebondir et de transformer les difficultés en opportunités. C’est ça l’agilité.

Cette année a aussi été l’occasion de développer plus de flexibilité et de mobilité en interne. Il y a évidemment eu une perte massive d’activité et de chiffre d’affaires, mais la philosophie du groupe a toujours été la préservation de l’emploi, pour mettre le moins de personnes au chômage partiel ou en risque de licenciement.

C’était donc selon moi une année d’adaptation, mais aussi de réassurance car c’est dans ces moments difficiles que l’on voit le soutien et l’entraide des collaborateurs. Toutes nos équipes se sont mobilisées et serrées les coudes, afin de poursuivre notamment la collecte des déchets, indispensable pour tout un chacun. Tout cela nous a été particulièrement précieux et nous pousse à porter un regard optimiste vers l’avenir, laissant présager du bon pour la suite !

  • Si vous deviez souhaiter une chose pour la région Hauts-de-France à horizon 10 ans, quelle serait-elle ?

Le plus important selon moi serait que la région poursuive son rayonnement et sa dynamique. Il y a beaucoup de projets d’envergure à mener, et il faut maintenir cette attractivité propice à l’innovation et au développement durable. Un petit bémol concernerait peut-être l’accessibilité insuffisante à la métropole, qui est surement le moyen de faire rayonner davantage le territoire des Hauts-de-France dans sa globalité. Cette région est une magnifique terre d’entrepreneurs, et nous sommes fiers de la représenter lorsque nous en avons l’occasion.