Malgré une tendance positive, la transition énergétique du secteur automobile européen se fait à une allure trop faible et variée. C’est au tour du gouvernement et des opérateurs privés d’amplifier leurs efforts sur le long-terme afin d’atteindre les objectifs émis par Bruxelles.
Selon les derniers chiffres de l’Association des constructeurs européens d’automobile (ACEA), la transition énergétique est bel et bien lancée dans le secteur de l’automobile. En 2020, plus d’une voiture sur 10 au sein de l’union pouvait être chargée électriquement, 5,4% de voitures vendues étaient électriques (comparé à 0,3% en 2014) et le nombre de bornes de recharge s’est envolé de 750% en six ans seulement. Néanmoins, cette croissance est encore trop embouteillée par le déploiement lent et irrégulier de ces bornes sur l’ensemble du territoire de l’union.
Bornes de recharge : le maillon faible de la transition
Bien qu’en surface, les chiffres énoncés par l’ACEA semblent dessiner une transition dynamique, la croissance du secteur électrique de l’automobile est pourtant loin d’être satisfaisante. La très forte augmentation du nombre de bornes depuis 2014 s’est faite à partir d’une base moindre et de fait les 224.237 bornes actuelles sont bien en deçà du million voulu par la Commission Européenne d’ici 2025. Sans parler des 3 millions en 2030. En France ainsi qu’en Allemagne, il faudrait plus que doubler le nombre actuel pour parvenir à l’objectif de 100.000 bornes à la fin de 2021.
Onderzoek @ACEA_auto:
Netherlands has 66,665 charging points, or 30 per cent of the EU’s entire (!) network, while France and Germany each have about 45,000. The three between them have 70 per cent (!) of the network. https://t.co/uPNsLOEC8X
— Ton Aarts (@ton_aarts) July 7, 2021
Si la croissance du secteur électrique européen se fait à une allure lente, elle se fait également à des vitesses variées. Sur les 225.000 bornes totales installées à travers l’union, 70% sont concentrées dans trois pays : les Pays-Bas (66.665 bornes), la France (45.751 bornes) et l’Allemagne (44.538 bornes). Les Pays-Bas battent des records avec presque un tiers du nombre total de bornes alors qu’ils ne représentent seulement 0,8% de la superficie de l’union. Ils sont également bien au-dessus de la moyenne avec un ratio de 4 véhicules électriques par borne alors que la France, l’Allemagne et l’Espagne ont des ratios autour de 10 et que ceux du Portugal et de la Norvège se situent en moyenne à 25. Chypre et Malte, quant à eux, ne possèdent aucune borne. Ces différences à la fois fortes et croissantes entre le podium des plus avancés dans la transition énergétique et le peloton élargissent la fracture socio-économique entre les pays membres et font état d’une Europe à plusieurs vitesses.
Des objectifs ambitieux qui doivent être soutenus
Les ambitions du paquet « Fit for 55 » mis sur la table par Bruxelles en juillet dernier sont donc loin d’être réalisées. La volonté de la Commission de bâtir une Europe à zéro émissions à compter de 2050 se voit contredite par le manque substantiel d’infrastructures de recharges et la marche entre le 1,8 million de véhicules électriques enregistré aujourd’hui et les 30 millions souhaités en 2030 est peut être trop haute.
Face à de tels obstacles, il revient aux pouvoirs publics et aux opérateurs privés de s’engager et de s’investir de manière soutenue et sur le long terme pour dégager la route et atteindre l’objectif de -55% des émissions en 2030 par rapport à 1990. Constructeurs automobiles, fonds d’investissement, énergéticiens, distributeurs, concessionnaires d’autoroute, etc. Ce sont autant d’acteurs au rôle clé dans la conversion énergétique de l’Europe.
Eric-Mark Huitema: "But like Mr Altmaier said, these are first steps. We need sustained and strong commitment from EU and national policy makers, so that together we can ensure that the #automotive industry bounces back in green way." | #AutoIndustryPostCOVID pic.twitter.com/RyiqQz0OgI
— ACEA (@ACEA_auto) October 20, 2020