Le 21 juillet, la France et l’Allemagne ont signé un document sur la politique spatiale et les micro-lanceurs. Selon Bruno Le Maire cet accord « va donner à Ariane 6 un avenir institutionnel et commercial ».
Les ministres de l’Economie français et allemand, Bruno Le Maire et Peter Altmaier, ont annoncé mercredi 21 juillet, lors d’une conférence de presse, avoir signé un accord spatial entre les deux pays, les deux principaux contributeurs de l’Agence spatiale européenne. Cet accord concerne le mécanisme européen de soutien à l’exploitation d’Ariane 6. «C’est un aboutissement après douze mois de travail» a souligné le ministre français.
🔴 DIRECT | Point presse conjoint de @BrunoLeMaire et @peteraltmaier à l’issue de leur réunion de travail à Bercy ⤵️ https://t.co/MGX7qrOB8J
— Ministère Économie, Finances, Relance (@Economie_Gouv) July 21, 2021
La guerre des lanceurs lourds
«Cet accord donne un avenir institutionnel et commercial à Ariane 6, notamment sur le marché des constellations. Cet accord garantit l’accès autonome de l’Europe à l’espace. Il affirme la préférence européenne en matière de lancement de satellites et évite une guerre des lanceurs lourds entre les nations européennes» a souligné Bruno Le Maire. A travers cet accord, le ministre français tente de protéger Ariane face à la multiplication de projets de petits lanceurs qui émergent en Europe. En effet, l’Europe n’a jamais financé autant de projets de fusées. On peut notamment prendre les exemples de l’italien Avio et l’allemand OHB qui participent à la fusée européenne Ariane et qui en parallèle ont chacun leur projet de “petit” lanceur avec une version légère de la fusée Vega et la Rocket Factory Augsburg (RFA).
Menaces sur 2 500 emplois et des actionnaires sans vision chez Ariane Group
Du côté des syndicats de salariés, le ton est toutefois plus sobre. Philippe Géry, le délégué syndical central CFE-CGC semble lui même inquiet de la situation : « Il faut arrêter de nous prendre pour des andouilles, les Allemands veulent casser le modèle européen des lanceurs et nous mettre en concurrence comme des fabricants de satellites, alors que les lancements sont un micromarché et que sans économie d’échelle, les prix vont s’envoler au lieu de baisser ». Pour être plus compétitive, la fusée Ariane 6, plus automatisée qu’Ariane 5 doit réduire ses coûts de production. Ariane Group, une filiale détenue à 50 % par Airbus et 50 % par Safran a déjà réduit entre 2015 et aujourd’hui le nombre de ses salariés et est passé de 9 000 à 7 500 postes. Sans l’obtention de nouvelles aides européennes, la direction a évoqué un plan stratégique menaçant 2.5000 emploie et portant ainsi le groupe à 5 000 salariés en 2025.
Un plan stratégique que la CFE-CGC a dénoncé en le qualifiant d’« une stratégie repliée sur elle-même, une addiction aux politiques publiques et à leurs financements, une insuffisance des investissements dans la recherche et la technologie. ». Et ajoute à cela : « Nos actionnaires n’ont pas de vision commune forte pour ArianeGroup et ce 50/50 favorise l’émergence de dirigeants contraints d’adopter des attitudes plus gestionnaires qu’entrepreneuriales. Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner si des salariés aux compétences pointues et au profil d’entrepreneur quittent la société. »
Une situation complexe dans un contexte de concurrence accrue face à des solutions innovantes venues d’acteurs privés comme publics américains et asiatiques, mais qui n’entame pas les ambitions françaises et européennes de rester au premier plan dans le secteur spatial.