Après plusieurs mois d’intenses discussions, les trois pays membres de l’Union Européenne sont parvenus à s’accorder sur ce qui sera ou non partagé dans le programme.
Le SCAF, Système de Combat Aérien du Futur, constitue un enjeu de taille pour la France, l’Allemagne et l’Espagne et, au-delà, pour l’ensemble de l’Union Européenne. Il doit permettre de remplacer les Rafale français et les Eurofighters allemands et espagnols présents dans le ciel européen à compter de 2040. Si un accord a récemment été trouvé, parvenir à s’entendre sur la mise en place d’un programme d’armement comprenant un avion de combat de nouvelle génération et des drones pilotés à distance par les forces armées aussi bien navales que terrestres n’aura pas été facile.
Accord entre Paris, Berlin et Madrid sur le futur avion de combat européen https://t.co/1uIJkpb1Po via @RFI
— Pascal Thibaut (@pthibaut) May 7, 2021
Une histoire de brevets
En février dernier, un bras de fer intense opposant le dirigeant de Dassault Aviation, Eric Trapier, et le chef d’État-Major de l’armée de l’air allemande avait failli avoir raison du projet. Face à la demande de l’Allemagne et d’Airbus Defense d’obtenir un accès à tous les brevets du programme, le constructeur français évoquait alors la possibilité d’y mettre fin. Emmanuel Macron avait pourtant réitéré sa confiance dans la réussite de cette entreprise collective, “D’ici quelques semaines très proches, nous aurons levé les derniers points qui demeuraient et j’ai ensuite bon espoir que, d’ici au printemps, on puisse arriver aux validations administratives et politiques qui sont attendues pour tenir le calendrier et nos ambitions.” Tout comme la chancelière allemande Angela Merkel. Un appel de leurs vœux qui n’a pas forcément peser dans la décision.
Tout l’enjeu du programme Scaf est de donner accès aux pays aux meilleures technologies possibles, tout en protégeant les droits de propriété intellectuelle de chacun. Si une liste de ces droits partagés devrait être établie d’ici peu, la manœuvre reste délicate, et place les états dans une position d’observateurs.
Les entreprises mènent la danse
Si l’accord a été signé entre les nations, ce sont bien les entreprises mises à contribution dans ce projet qui seront la clé de son succès. Dassault, dont tous l’activité, tant sur le plan militaire que sur le plan privé, se porte bien, a été en mesure de peser lourdement sur l’avancée de ce programme, évoquant même sa capacité, selon Eric Trapier, à le réaliser seul, qui considère que ce serait même une “décision politique.”
Autre preuve du poids des entreprises dans la réussite du SCAF, l’entrée dans la discussion de Leonardo, entreprise italienne qui a récemment fait l’acquisition de 25,1% d’une filiale allemande d’Airbus directement liée au programme. Également impliquée dans le projet anglais Tempest, la présence de ce poids lourd de l’industrie aéronautique aux côtés d’Airbus a probablement permis d’assouplir la position de Dassault Aviation et de faciliter la mise en place d’un accord. Les deux sociétés sont en tout cas récemment parvenues à soumettre une proposition de construction pour un démonstrateur qui, selon la ministre des armées, Florence Parly, verra le jour début 2027. Un faible retard qui ne devrait pas troubler le calendrier prévisionnel des trois nations, si ce fragile équilibre parvient à être conservé.