Alors que le Parlement européen a voté ce 27 avril l’accord européen post Brexit, 10% des fonds des banques britanniques devraient être déplacés vers l’UE selon plusieurs études. Un mouvement fort qui secoue la finance européenne.
C’était un phénomène prévisible et attendu. D’après une étude d’impact de New Financial, la fin du passeport financier donnant la possibilité aux entreprises du Royaume-Uni d’offrir leurs services au sein de l’Union Européenne, a entraîné le départ d’une part non négligeable de la finance britannique vers l’Europe. Faute d’accord efficace et fluide entre Londres et Bruxelles, comme cela a pu être le cas pour les biens, les banques de la City ont dû s’adapter et jouer leur propre sécurité en divisant leurs possessions pour rester actives en Europe. Pas moins de 440 sociétés financières ont ainsi infléchi une partie de leur activité vers l’UE, emplois et services compris, soit deux fois plus qu’estimé en 2019, avant le Brexit. Une nouvelle répartition qui profite d’ailleurs à plusieurs pays européen, puisque la Bourse de Paris accueillera 102 de ces sociétés, derrière celle de Dublin qui en accueillera elle 135.
L’emploi au coeur de la manoeuvre
Comme une migration pendulaire, à l’heure du Brexit, c’est aussi le positionnement du capital humain qui change. Alors que l’offre d’emplois dans le secteur tend à se raréfier côté britannique, on assiste en Europe à la création de plus de 7000 nouveaux postes, justifiés par les délocalisations ou le besoin de renforcement des équipes déjà présentes pour accueillir cette nouvelle manne financière. Selon New Financial, ce nombre pourrait augmenter dans les mois à venir, d’autant plus que si ce premier séisme était attendu, la force des répliques qui suivront est, elle, inconnue. Rappelons aussi que le taux de chômage moyen dans l’Union Européenne est de 7,5% alors qu’il n’est que de 5% au Royaume-Uni. L’inversion des emplois dans le secteur de la finance peut-elle être la marque d’une tendance à la réduction plus générale de l’écart entre les deux acteurs ?
La place forte londonienne mise en danger
Depuis quelques jours, Londres n’est d’ailleurs plus la première place financière européenne. Une situation dont toutes les bourses de l’UE profitent, sous l’égide du groupe Euronext, propriétaire de celles d’Amsterdam, Paris, Bruxelles, Dublin, Lisbonne et Oslo, et qui remplit très largement ses objectifs de croissance.
Solides résultats annuels pour @euronext qui atteint ses objectifs financiers deux ans à l'avance https://t.co/XXMZBVI9hk
— Euronext Paris (@euronext_fr) February 10, 2021
Les transferts quotidiens de plusieurs milliards d’euros d’actions vers ces places ont fini par avoir raison de la City. Après une première alerte en février, elle a de nouveau été supplantée par Amsterdam en tant que plus gros marché d’actions d’Europe. Mais si la situation semble pour l’instant positive pour l’Union Européenne, Londres n’a pas encore abattu toutes ses cartes, et pourrait vouloir créer un “Singapour sur la Tamise” en devenant, à l’image de la ville asiatique, un paradis fiscal au marché financier dérégulé. Cette menace financière bien réelle, car volonté du premier ministre britannique Boris Johnson, pourrait encore changer le fonctionnement économique de l’Europe en tant qu’entité, déjà perturbée depuis la mise en oeuvre du Brexit.