Luca de Meo, le directeur général de Renault, confirme sa volonté de création de valeur en France.
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Luca de Meo a annoncé une stratégie de redressement du groupe et des ambitions en faveur de la création de valeur en Renault en France. Avec plus de vingt-ans d’expérience dans le secteur automobile, chez Toyota Europe, Fiat, Volkswagen, Audi ou encore Seat, Luca de Meo a été chargé, en juillet dernier, de redresser le groupe Renault. La mission est de taille puisqu’il s’agit notamment de repositionner la marque parmi les leaders mondiaux, sans négliger le marché français.
Des enjeux technologiques nouveaux
Plus qu’industriel, le défi est surtout technologique. Pour répondre à ces enjeux, le groupe mise sur la mobilité propre, avec l’électrique et l’hydrogène, mais aussi sur appliquer un plan de réduction des coûts fixes. A ce sujet, alors que les résultats trimestriels de Renault seront publiés vendredi 22 avril, le directeur général semble d’ailleurs confiant, déclarant que le seuil des 2 milliards d’euros d’économies sera sûrement atteint « plus tôt que prévu, peut-être dès la fin de cette année ». L’objectif affiché est de 2,5 milliards d’euros économisés d’ici 2023 et 3 milliards d’ici 2025. Cela ne sera possible qu’à la suite d’un « énorme travail d’assainissement sur le volet commercial ».
Renault désire ainsi créer « l’équivalent de 8 milliards » de PIB par an en se concentrant sur la fabrication de voitures électriques dans le Nord de la France, ainsi que sur des activités de haute technologie liées à la création de voitures à l’hydrogène. Pour ce second objectif, Renault a mené un partenariat avec Plug Power, un grand producteur de piles à hydrogène. Ensemble, ils vont proposer une offre « unique sur le marché » en regroupant deux savoirs-faire : celui de « la fourniture de véhicules à hydrogène » et celui des « stations de recharge ».
Concernant l’électrique, là aussi, les ambitions sont grandes, Renault voir que pôle de fabrication de véhicules électriques, dans le Nord, « devenir le plus grand d’Europe ». Luca de Meo a d’ailleurs précisé qu’entre 500 et 600 ingénieurs de Renault seront mobilisés dans le cadre du programme Software République initié par Renault, Atos, Dassault, STMicroelectronics et Thales. L’objectif de cette alliance est de partager les recherches et les avancées des parties prenantes au sujet de la mobilité électrique, connectée et autonome. Enfin, le groupe souhaite transformer l’usine de Flins en un centre de recyclage de véhicules et de batteries. Cette annonce, en faveur de la stratégie de mobilité durable de Renault, va néanmoins entraîner la suppression de plusieurs centaines de postes. Ainsi, d’ici 2030, le constructeur annonce vouloir y « réaliser davantage de chiffres qu’en y assemblant des voitures ».
#Renaulution is a profound transformation of our business with steady, healthy foundations for our future performance. We are moving from volume to value and from a car company working with tech to a tech company working with cars ➡️ https://t.co/0qJYToCn5h
— Luca de Meo (@LucaDe_Meo) January 14, 2021
Renaulution, du volume à la création de valeur
Dévoilé officiellement en janvier dernier, le plan Renaulution est en marche. La stratégie est une ambitieuse transformation, structurée pour retrouver de la compétitivité. Les objectifs sont clairs. Il s’agit premièrement de contrôler les coûts pour améliorer l’efficacité du groupe, puis de profiter des “atouts industriels” de Renault ainsi que de la “position de leader” européen en l’électrique. Le groupe mise aussi sur des partenariats stratégiques basés sur “l’expertise technologique”, sur l’exploration “des données, de la mobilité et des services énergétiques” et enfin de “stimuler la rentabilité grâce à 4 unités commerciales de marque différenciées, axées sur les clients et les marchés”.
De fait, le constructeur ne mise plus sur les volumes mais plutôt sur la valeur. « Il faut arrêter de juger un constructeur sur le nombre de véhicules produits en France » affirme Luca de Meo. Le véhicule est « de plus en plus un concentré de technologies » qui permettent une création de valeur nouvelle. Ainsi, le directeur général déclare « Mon ambition, partagée avec Jean-Dominique Senard, le président du groupe, c’est de créer cette valeur en France et de rendre à Renault sa fierté ! ». Et si l’Etat demeure le premier actionnaire de Renault, Luca de Meo a malgré tout souhaité rassurer les politiques en confirmant à Bruno Le Maire, le Ministre de l’Économie, que la France s’inscrit “au cœur » du plan Renaulution.