Le plan Hercule de transformation d’EDF prévu par l’exécutif se dévoile
Vendredi 9 avril, le gouvernement a livré une note aux syndicats d’EDF sur sa stratégie de réorganisation du groupe, baptisé “plan Hercule”.
Après dix-mois mois avec peu d’informations précises sur sa volonté de réorganiser le groupe EDF, vendredi 9 avril, un document explicatif du gouvernement a été livré. Cette synthèse de trois pages a été envoyée à l’intersyndicale, fermement opposée au projet depuis plus d’un an. Reprenant la stratégie dans sa globalité, l’exécutif apporte quelques précisions sur l’avenir du groupe. Ce document joue un rôle essentiel pour convaincre les syndicats d’adhérer à cette réforme, jugée nécessaire et menée par l’Etat.
Ainsi, au-delà des grandes lignes stratégiques, déjà révélées par Jean-Bernard Lévy devant le Parlement en février dernier, le papier veut rassurer ses destinataires par des garanties sociales ainsi qu’une explication concrète de la démarche et des raisons qui l’ont motivée. Tout part d’un constat clair et formel, puisque selon le gouvernement « l’entreprise n’est plus en mesure de financer son développement » et la situation « ne garantit pas suffisamment, en toutes circonstances, la couverture des coûts et ne lui permet pas de réaliser les investissements nécessaires à la poursuite de l’exploitation optimale du parc nucléaire ». En somme, le gouvernement justifie que le remaniement prévu est inévitable et profondément nécessaire considérant qu’EDF n’est plus en mesure de garantir le bon fonctionnement et la sécurité des 56 réacteurs français.
Ces affirmations fermes confirment que l’exécutif n’est pas prêt à faire de concessions sur le sujet. Il s’agit pour l’exécutif de solutionner les difficultés auxquelles fait face EDF, en respectant les contraintes de la Commission européenne. Ce plan est l’objet d’une négociation inédite depuis plus d’un an à Bruxelles. L’enjeu est de parvenir à un équilibre entre les exigences françaises et l’ensemble des règles de la concurrence européenne. Le gouvernement explique que ce plan veut permettre un nouveau mécanisme de régulation du nucléaire français, qui « donnerait à EDF la visibilité permettant de réaliser son programme d’investissements dans le parc, pour que la France puisse continuer à disposer de cette électricité décarbonée ». On comprend qu’EDF pourrait vendre son électricité à un meilleur prix, prolonger la vie du parc nucléaire et engager la construction de nouveaux réacteurs.
Le gouvernement détaille son plan « Hercule » pour la première fois. Le nouvel EDF, 100 % public, détiendrait plus de 80 % de la production d’électricité en France et ne serait pas coté en Bourse https://t.co/0gq0zAdds6
— Le Monde (@lemondefr) April 12, 2021
Une détention 100% publique ?
Le document l’affirme, le projet prévoit « une détention par l’Etat à 100 % du parc nucléaire, thermique et hydraulique ». Dans sa version publique, EDF ne serait pas coté en Bourse, et posséderait plus de 80% de la production d’électricité nationale. L’exécutif détaille aussi l’ambition de deux filiales. La première, dédiée aux barrages, serait également entièrement publique. La seconde prendrait en charge de multiples activités comme la vente d’électricité, les énergies renouvelables, le réseau de distribution Enedis ou encore les services. Le capital de cette dernière serait, sous conditions, ouvert au privé. Cet élément n’est pas passé inaperçu. Bien que le gouvernement indique que « des garanties légales seraient données sur le maintien de cette filiale dans le secteur public », il s’agit, aux yeux des syndicats, d’une étape inquiétante vers la privatisation de certaines activités d’EDF.
D’autres facteurs peuvent aplanir l’opposition comme par exemple la préservation du statut particulier des agents EDF et de la mobilité entre entités d’EDF. L’exécutif joue la carte de la transparence et souligne son ouverture au débat. Il confirme que la « négociation avec la Commission (…) ne préemptera pas un débat au Parlement sur l’avenir d’EDF ». Le document précise aussi que le plan sera soumis aux instances de représentation des salariés. Enfin on apprend que le choix des noms des filiales est laissé aux employés. Le gouvernement veut donc intégrer les syndicats au projet et aimerait trouver un accord, même si un tel compromis semble encore loin d’être atteignable à ce stade.