Les sirops Monin ouvrent une usine en Russie pour s’étendre dans le marché haut-de-gamme du pays

Déjà bien présent en Russie avec la commercialisation de 3 à 4 millions de bouteilles par an, la société française de sirops Monin s’apprête à ouvrir une usine sur le territoire russe. La production devrait démarrer en juillet pour l’essentiel de la gamme, avec une adaptation à des parfums très russes comme l’estragon ou l’argousier. 

Loin des tensions franco-russes, la société familiale de sirops Monin achève la construction de sa nouvelle usine de Stopino, à une centaine de kilomètres au sud de Moscou. Dans le viseur de l’entreprise française, le segment haut de gamme d’un marché en forte croissance, avec notamment l’augmentation depuis trois ans des ouvertures de cafés et restaurants. En ce qui concerne le financement de l’usine, approché par le fonds souverain d’investissement russe, la société a finalement préféré se financer seule et a investi près de 20 millions d’euros. 

Développement du marché russe

Jusqu’ici, l’entreprise importait 3 à 4 millions de bouteilles par an de ses deux usines françaises pour couvrir l’ensemble du marché russe. Le développement en Russie est donc assez logique comme le souligne le PDG de Monin Rus LLC, Boris Merlin : «Monin est déjà présent en Russie depuis plus de 20 ans et la zone CEI est un acteur majeur pour notre entreprise. Au regard du potentiel sur le marché russe et des opportunités à l’exportation depuis la Russie, c’était une évidence pour nous de devenir Russe, et donc de construire notre usine».

L’ usine de Stoupino aura une capacité de 8 millions de bouteilles par an, et pourra même atteindre 16 millions de bouteilles avec l’ajout d’une deuxième ligne de production. L’entreprise cible un marché premium avec des recettes à base d’ingrédients naturels et mise sur une forte augmentation de la demande des Russes, qui consomment de plus en plus de sirops, cafés, thés aromatisés et cocktails. Les sirops produits à Stoupino seront vendus deux fois plus cher que ceux du principal concurrent local. 

Avec cette usine, l’entreprise française sera protégée d’éventuelles sanctions sur les produits importés d’Europe. En effet, suite aux mesures européennes contre Moscou après l’annexion de la Crimée en 2014, le Kremlin avait décidé d’un embargo sur des produits alimentaires européens dont une vingtaine de sirops contenant notamment de l’extrait de citron ou du jus de fruits. Monin sera également protégé des fluctuations du rouble. 

Cette nouvelle usine s’ajoute aux autres usines de la société familiale installées dans le monde avec des sites aux Etats-Unis depuis 1986, en Malaisie depuis 2009 et en Chine depuis 2017, et aux deux usines françaises. Avec cette nouvelle usine, l’entreprise de sirops continue son projet de développement au sein des BRICS. « Les BRICS sont nos marchés d’avenir ! » souligne Boris Merlin. La prochaine étape de ce développement serait de lancer un projet en Inde et au Brésil, une nouvelle frontière pour cette société familiale française dans sa conquête du monde.