Sanofi prend possession de l’entreprise américaine Tidal Therapeutics, spécialisée dans la technologie ARNm
Dans un communiqué paru le 9 avril dernier, Sanofi a annoncé racheter Tidal Therapeutics, entreprise spécialisée dans la technologie liée à l’ARN messager (ARNm) permettant de reprogrammer au sein de l’organisme les cellules immunitaires.
Depuis quelques mois, on entend parler largement d’ARN messager. Chacun reprend le terme sans en connaître réellement la signification mais avec une idée bien précise en tête : c’est la technologie principalement utilisée pour fabriquer le vaccin devant permettre de mettre fin à la pandémie mondiale de SARS-Cov-2 qui bouleverse nos vies depuis maintenant plus d’un an. L’autre élément que tous ont en tête : aucun des vaccins proposés n’a été conçu sur le sol français, car aucune méthode de vaccination efficace contre le coronavirus n’y a vu le jour. Un échec des laboratoires pharmaceutiques, qui n’ont pas fait preuve de suffisamment d’anticipation, au contraire de Pfizer ou de Moderna à l’étranger. Mais Sanofi compte bien y remédier aujourd’hui. En mettant la main sur Tidal Therapeutics, le géant du secteur des biotechnologies françaises semble bien décidé à investir tous les moyens nécessaires pour développer les nouvelles technologies et notamment celle de l’ARNm.
Dans son communiqué, l’entreprise déclare que «l’acquisition de Tidal Therapeutics représente un investissement initial par Sanofi de 160 millions de dollars, auquel viendront s’ajouter des paiements par étapes pouvant atteindre 310 millions de dollars en fonction de la réalisation de différentes phases de développement». Des sommes conséquentes donc, mais qui pourraient se révéler capitales dans le futur, et pas uniquement pour traiter des virus saisonnier ! Ce nouveau partenariat vise à «accroître les capacités de recherche de Sanofi dans les domaines de l’immuno-oncologie et des maladies inflammatoires, et présente un fort potentiel d’application à d’autres maladies», toujours selon le communiqué. Un nouveau domaine d’expertise très large est donc intégré à Sanofi, qui est plus que jamais prêt à participer à l’avenir de la recherche scientifique.
L’ARNm, la technologie du futur ?
Ces investissements massifs s’inscrivent dans une vision à long terme, autour d’une technologie médicale prometteuse. Si elle a pu être critiquée, la technologie de l’ARN messager est défendue par de nombreux chercheurs qui y voient le futur de la science vaccinale. Longtemps écartée, elle est sérieusement envisagée à partir des années 2000, après la publication des travaux de Katalin Kariko et de Drew Weissman, qui arrivent à la rendre indécelable par notre système immunitaire.
Avec la crise du Covid-19, la technologie a triomphé et Katalin Kariko, aujourd’hui vice-présidente de BioNTech, la société qui a développé, en collaboration avec Pfizer, un des deux vaccins les plus efficaces contre le coronavirus, ne peut que s’en réjouir. Mais au-delà du vaccin, la crise a surtout permis de libérer cette technologie, qui pourrait s’avérer cruciale dans la recherche en oncologie. Le cancer étant un des problèmes de santé publique les plus importants de notre époque, les sommes investies par Sanofi apparaissent alors pertinentes pour l’entreprise, qui souhaite s’assurer de la place de leader de ce futur marché au potentiel encore inexploité.