Emmanuel Macron a choisi Philippe Baptiste pour succéder à Jean-Yves Le Gall, à la présidence du Centre national d’études spatiales (CNES)
La compétition était rude depuis janvier et le Président de la République, Emmanuel Macron, a tranché en choisissant Philippe Baptiste comme candidat à la succession de Jean-Yves Le Gall. Président du CNES depuis avril 2013, le mandat de ce dernier a été prolongé une seconde fois l’an dernier pour qu’il puisse lui-même être candidat à la direction de l’Agence spatiale européenne (ESA). C’est finalement l’ancien patron de l’Observation de la terre, Josef Aschbacher, qui a obtenu le poste. Mardi 30 mars, le communiqué de presse indiquait ainsi la décision du Président de la République à l’égard de cette succession. La commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale a, elle aussi, voté aujourd’hui en faveur de Philippe Baptiste. Si le Sénat s’y était lui opposé, cela devrait suffire à sa nomination à la tête du CNES.
Plusieurs candidats ont été médiatisés, comme Stéphane Israël, PDG d’Arianespace par exemple. Chacun des ministres concernés plaidait sa préférence. En effet, l’agence du CNES est sous une triple tutelle ordonnée entre le Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, le Ministère des Armées et le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ainsi, Bruno Le Maire espérait un profil dit « industriel » pour répondre à la compétition spatiale avec les Etats-Unis et la Chine ainsi que l’ouverture nécessaire aux startups privées. En ce sens, la préférence du Ministre de l’Économie se portait sur Nicolas Chamussy, l’ancien directeur spatial d’Airbus, qui est récemment devenu directeur général du constructeur de blindés Nexter. Florence Parly, Ministre des Armées, aspirait, quant à elle, à un candidat issu de la Direction générale de l’armement. Philippe Baptiste était soutenu par Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation, dont il est l’ancien directeur de cabinet.
Ce choix porté vers ce profil atypique, qui ne fait pas partie du gotha spatial, est une surprise. Philippe Baptiste a une forte expérience au sein des cabinets ministériels puisqu’il a aussi été conseiller éducation, enseignement supérieur, jeunesse et sports au cabinet d’Edouard Philippe à Matignon de décembre 2019 à juillet 2020. Depuis novembre 2020, il est en poste au sein de Boston Consulting Group, un cabinet international de conseil et stratégie. Il maîtrise toutefois parfaitement le milieu spatial puisqu’il a démarré sa carrière au CNES, en 1999 avant de rejoindre en 2002 le LIX (laboratoire d’informatique CNRS-Polytechnique) puis d’en prendre la direction en 2008. Il a aussi été directeur de l’INS2I (Institut des sciences de l’information et de leurs interactions) entre 2010 et 2014, date à laquelle il est devenu directeur général délégué à la science du CNRS. Philippe Baptiste a aussi une courte expérience dans l’industrie puisqu’il a travaillé au sein du groupe Total de 2016 à 2017 en tant que directeur scientifique puis Chief Technological Officer.
L’attribution de missions stratégiques majeures
Cette nouvelle position est lourde en responsabilités puisque si sa nomination est confirmée, Philippe Baptiste sera à la tête de 2 300 collaborateurs et d’un budget de 2,33 milliards d’euros en 2021. De manière générale, son rôle sera de définir et d’exécuter la stratégie spatiale de la France. Celle-ci doit s’établir en harmonie avec les politiques des États européens. L’enjeu est de se réinventer pour accélérer la relance en soutenant aussi davantage les startups, à l’image de la NASA.
#DirectAn 🔭
À la Com des aff éco aux côtés de @JeanLucLAGLEIZE rapporteur pour l’audition de Philippe Baptiste proposé par le Président de la République en tant que Président du @CNES🚀Nombreux seront les défis qu’il aura à relever dans ce secteur en pleine transformation pic.twitter.com/rZx1959Aby
— Corinne Vignon (@corinnevignon) April 7, 2021
Le domaine spatial est en pleine mutation, transformé par les évolutions technologiques, l’essor des fusées réutilisables, mais aussi l’arrivée de sociétés privées sur le marché. En effet, de plus en plus d’entreprises se développent dans le domaine spatial, à l’image de SpaceX portée par Elon Musk ou encore de Blue Origin initiée par Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Ces entreprises privées parviennent à organiser des investissements colossaux, faisant une concurrence directe aux puissances nationales.
Il s’agit donc de défendre le domaine spatial français, qui compte 15 000 salariés pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 7,4 milliards d’euros, en intégrant pleinement la mise en œuvre du plan de relance ainsi que la nouvelle stratégie spatiale militaire d’Emmanuel Macron. Philippe Baptiste sera chargé de positionner la France comme moteur de l’Europe spatiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Italie.