Deux ans après l’arrivée de cette innovation majeure dans le monde du rail chez le voisin allemand, la France s’apprête elle aussi à accueillir le train à hydrogène.
C’est un contrat de 12 à 14 rames destinées à quatre régions françaises qui vient d’être signé. Alors que les premiers essais sont prévus pour 2023, ces trains, garantis à zéro émissions de CO 2, mélangent l’hydrogène embarqué à bord et l’oxygène environnant grâce à une pile à combustible présente dans la toiture. Celle-ci servira à produire l’électricité nécessaire à la traction de la rame. L’énergie récupérée pendant le freinage sera quant à elle réutilisée pour les phases d’accélération.
L’avantage de cette innovation est colossale. En effet, les moteurs à hydrogène n’émettent pas de gaz à effet de serre à travers l’émission de vapeur d’eau et de l’eau condensée. Ils devront rouler sur des voies secondaires non électrifiées où circulent majoritairement les motrices diesels. Pour accélérer sa transition énergétique, le plus grand réseau ferré de France, la SNCF, fait le pari audacieux d’écarter l’ensemble de son arsenal du diesel d’ici à 2035.
La Bourgogne-Franche-Comté, l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est et l’Occitanie bénéficieront de cette avancée technologique. Ce contrat-cadre permettra d’acheter des rames auprès du constructeur Alstom. Les trains circuleront dans un premier temps entre Auxerre et Laroche-Migennes, ainsi qu’entre Lyon et Clermont-Ferrand avec la mise en place des premiers TER à hydrogène d’ici 3 à 4 ans. La région Pays de la Loire espère elle aussi déployer sur son territoire le train à hydrogène pour la ligne Caen, Le Mans et Tours.
Un projet de grande ampleur pour accélérer la transition énergétique
Alors que les voisins allemands, néerlandais, autrichiens et italiens ont déjà adopté ce modèle pour garnir leurs réseaux de chemin de fer, la France a quant à elle pris un peu de retard en la matière. En Allemagne, les modèles de trains sont monomodes, c’est-à-dire qu’ils sont propulsés via les piles à hydrogène et leurs batteries. A contrario, le modèle français sera bi-modes, permettant aux trains de rouler sous caténaires en traction électrique. La région du Pays de la Loire préférait adopter le modèle allemand, peu convaincue par le système développé en France.
Pendant longtemps, la SNCF a émis quelques réticences face à l’hydrogène. Mais l’essor actuel de ce modèle dans d’autres pays confirme son potentiel majeur pour la mobilité. Et même si elle reste plus coûteuse que les trains classiques, la Société nationale des chemins de fer français considère désormais cette innovation comme une alternative plausible au diesel. Avant de passer à un système totalement renouvelable, un temps d’adaptation faisant usage d’énergies fossiles sera toutefois nécessaire.