Le pays de Pasteur a lui aussi connu des difficultés dans la pandémie que nous traversons, et les entreprises pharmaceutiques n’ont pas été épargnées par le souffle de la crise sanitaire et la prise de conscience qu’elle a fait naître sur les faiblesses et marges de progrès dans bien des secteurs. L’industrie pharmaceutique, fleuron traditionnel de l’industrie française, a ainsi conclu un nouvel accord avec les pouvoirs publics afin de rebondir.
Soumis à de nombreuses critiques depuis le début de la crise du Covid, pouvoirs publics et acteurs de l’industrie pharmaceutique tentent tant bien que mal de rebondir suite aux difficultés traversées depuis plus d’un an. Un nouvel accord définissant les règles de négociation des prix visant à favoriser la relocalisation de certains domaines impératifs à la fabrication des médicaments a notamment été conclu entre l’Etat et les acteurs du secteur du médicament. Le gouvernement souhaite ainsi remettre les acteurs pharmaceutiques au centre d’un processus global de réindustrialisation. Le fait que la majorité de la production de médicaments et de vaccins contre le Covid soit produit dans des pays émergents où les prix sont plus attractifs a poussé la France à changer de cap dans ce domaine. Une priorité devenue urgence face à l’échec apparent de la stratégie française (et plus largement européenne) sur les vaccins.
Renforcer l’attractivité de l’Hexagone pour les acteurs pharmaceutiques
Afin de favoriser la relocalisation et renforcer les exportations, ce nouvel accord entend s’assurer que les médicaments innovants – dont les étapes impérieuses de production tel que les principes actifs, le produit fini ou encore le conditionnement seraient réalisées en France – bénéficieraient d’un prix européen élevé ainsi que d’une garantie de stabilité pendant deux ans. Le but poursuivi est d’éviter des négociations de prix à rallonge, entraînant un retard thérapeutique pour les patients et la commercialisation des plus récentes innovations par les laboratoires. Accéder au marché en 15 jours sera désormais possible grâce aux procédures d’arbitrage et de “fast track” pour ces prouesses médicamenteuses. Par ailleurs, afin de s’imposer dans ce marché ultra-concurrentiel dont les enjeux de souveraineté dépasse le cadre stricto sanitaire, le prix de ces innovations sera stable les cinq premières années suivant la commercialisation.
L’Europe a elle aussi été pointée du doigt durant cette crise. Ce nouvel accord cadre espère également poursuivre des objectifs de santé publique majeurs en garantissant un accès à un niveau de prix européen pour les médicaments présentant un faible taux de progrès thérapeutiques. Les laboratoires pourront demander une hausse des prix pour les catégories de produits difficiles à produire ou présentant des contraintes majeures concernant l’approvisionnement. Malgré ces évolutions, les acteurs du secteur continuent de s’interroger sur l’application d’un texte ambitieux en apparence. Les prochaines échéances importantes seront scrutées de près par le Conseil Stratégique des Industries de Santé et le futur Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale.
L’objectif de l’Etat est toutefois clair : ré-attirer les entreprises pharmaceutiques en France et ne plus se retrouver à la merci des contraintes de production d’entreprises étrangères ou de pays dont les intérêts industriels se confondent avec les intérêts géopolitiques. Une nouvelle preuve donc de la volonté du gouvernement d’utiliser tous les moyens pour réinsuffler de l’énergie à l’industrie française, et s’assurer de la possession sur le territoire national des outils indispensables à la protection et à la santé des Français