Bientôt le clap de fin pour le charbon en France
Comme un symbole, la centrale à charbon EDF du Havre s’est éteinte mercredi 10 mars, et elle sera bientôt suivie par d’autres. A l’horizon 2022, la France ne devrait plus produire de charbon sur son territoire.
C’était une promesse du gouvernement : la production d’énergie entièrement décarbonée sur le territoire français s’est progressivement mise en oeuvre et s’accélère. Après le “dernier feu” du site d’EDF au Havre, il ne reste plus que 2 centrales à charbon en activité dans le pays. L’une est située à Saint-Avold (Moselle) et est exploitée par Gazel-Energie, la holding de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky ; elle devrait fermer début 2022. La seconde est exploitée par EDF à Cordemais (Loire-Atlantique) et pourrait voir son activité se transformer et ainsi être prolongée un peu plus longtemps. Des décisions soutenues par la prégnance de plus en plus grande des énergies renouvelables dans la production d’électricité en France.
La fin du thermique au profit des énergies renouvelables ?
Si, en 2020, le nucléaire est resté la première source de production d’électricité, représentant une part de 67% de l’énergie électrique fournie dans l’hexagone, il recule toutefois de 3,5% alors que la part des énergies renouvelables progresse, l’éolien (7,9%) dépassant même le charbon (7,5%). Les énergies vertes représentent ainsi près de 21% de l’électricité produite l’année dernière en France, pour un total énergétique décarboné à 93%. Une situation qui laisse entrevoir un possible succès des ambitions du gouvernement d’ici 2022.
Les acteurs du charbon sont d’ailleurs partie prenante dans la réussite de ces objectifs. Daniel Kretinsky s’est ainsi résolu à fermer son site de Gardanne (Bouche-du-Rhône) dès la fin de l’année 2020 et EDF cherche à transformer l’activité de son site de Cordemais en remplaçant le charbon par des pellets de bois, ce qui lui permettrait de réduire sa production de CO². Plusieurs solutions sont ainsi à l’étude pour reconvertir l’activité des entreprises, le problème principal restant toutefois l’avenir de leurs salariés et leur reconversion dans d’autres secteurs, ou dans de nouveaux métiers du monde de l’énergie.
Un processus complexe
Plusieurs possibilités sont envisagées pour la relance de notre économie et pour accélérer sa transition. La production de chaleur à partir de centrales biomasses ou encore la production d’hydrogène, dont le potentiel, fortement lié au secteur automobile et aux transports de demain, est intéressant. Mais les besoins pressants liés à la mise en place de la transition énergétique présentent un enjeu majeur : les entreprises doivent être capables de mettre fin à leurs activités considérées comme polluantes, pour se reconvertir rapidement dans un secteur plus vert qui permettra aux salariés de conserver leur emploi. Chez Gazel-Energie, 219 emplois vont ainsi être supprimés à cause de l’arrêt de ses deux centrales à charbon. Une situation urgente selon Jean-Pierre Damm, responsable FO de l’entreprise, qui considère qu’il “faudrait prendre des décisions dès maintenant pour avoir une concomitance entre la fermeture des sites et l’ouverture de nouvelles activités”. Cette reconversion implique en tout cas un timing précis et ne pourra pas se faire sans l’aide de l’Etat.