La captation du CO² directement dans l’air intéresse de plus en plus les industriels. Les Lyonnais fondateurs de la startup Revcoo ont mis au point une technologie qui permet de transformer et de récupérer le dioxyde de carbone contenu dans les fumées des cheminées d’usine.
Alors que les réglementations de l’Union Européenne se durcissent depuis une vingtaine d’années dans l’espoir de voir se réduire les émissions de gaz à effet de serre produites par le secteur, décarboner sa production est devenu, pour la majorité des entreprises industrielles, un enjeu capital de leur développement. Parmi les possibilités existantes, la captation du CO² directement dans l’air est une alternative qui gagne en popularité.
Une innovation à même de changer le marché
Revcoo est l’oeuvre d’Hugo Lucas et Paul Taton, deux jeunes entrepreneurs lyonnais. Paul dépose le brevet en juin 2020 et ils créent la start-up ensemble dans la foulée. C’est dans la pépinière d’entreprises de la vallée du Garon qu’ils travaillent ensuite au développement de leur produit. Le principe de leur idée est de geler le CO² dans la cheminée de l’usine grâce à de l’azote liquide, et de le récupérer ensuite sous forme de flocons, ce qui évite sa dissémination dans l’air.
Des techniques de captation du dioxyde de carbone directement dans l’air sont développées depuis maintenant une dizaine d’années. La plus utilisée est la captation par solutions aqueuses d’amines. Toutefois, cette option présente des coûts bien plus élevés que les méthodes de captation classique. L’innovation de Revcoo apparaît au contraire bien moins coûteuse, que ce soit financièrement ou écologiquement, que le captage du Co² par des solutions aqueuses d’amines. Moins chère car son seul coût est l’électricité nécessaire à son fonctionnement, l’entreprise de services assurant également toute la mise en place et la maintenance des opérations. Plus respectueuse de l’environnement, en outre, car elle ne nécessite pas de consommables et ne produit aucun déchet.
Cela induit des prévisions de croissance intéressantes pour la start-up : alors que le projet expérimental qui sera installé sur un four à chaux d’Eiffage prévoit la captation de 2 tonnes de CO² par jour, ses fondateurs espèrent voir ce chiffre multiplié par 20 d’ici 2022. Un effet renforcé par l’adaptabilité du produit à différents secteurs d’activités comme l’industrie pharmaceutique ou la filière agroalimentaire.
De l’écologie et du concret
C’est Paul Taton qui a l’idée de bâtir ce projet après plusieurs mois passés en Alaska. “Il a vu l’impact du réchauffement climatique et il s’est dit qu’il allait utiliser ses compétences pour [le] combattre” raconte Hugo Lucas. L’objectif de départ est ainsi de faire progresser la technologie pour réduire l’impact des productions humaines sur l’environnement. Des projets comme celui-ci apparaissent aujourd’hui comme nécessaires à la transition écologique, surtout lorsque la raison d’être de l’entreprise reste une préoccupation majeure dans son développement.
La start-up s’impose ainsi une restriction majeure : ne pas capter plus de la moitié des du CO² produit par les entreprises pour les inciter à réduire drastiquement leurs émissions. Car si le but est de protéger l’environnement, les 2 entrepreneurs ne veulent surtout “pas dédouaner les industriels de faire l’effort de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre”. Une ambition qui va au-delà de l’intérêt financier et qui donne à Revcoo le potentiel d’une véritable société à mission tout en conservant un modèle économique viable ? Les mois à venir seront en tout cas déterminants dans la réussite de cette stratégie pour cette pépite française qui pourrait bien apporter des réponses concrètes et positives aux enjeux de notre époque.