L’entreprise franco-allemande fondée en 2013 ne cesse de s’étendre dans le secteur de la santé. Après avoir développé un service de gestion en ligne des consultations et de prise de rendez-vous à destination des médecins et de leurs patients, Doctolib va lancer un logiciel visant à alléger la charge de travail des médecins libéraux.
C’est un pari risqué qu’entreprend Doctolib en se lançant sur le marché concurrentiel des logiciels de gestion de cabinet des médecins libéraux, où se trouve déjà d’autres entreprises comme Cegedim ou Compugroup Medical. Le développement de Doctolib se poursuit, après avoir mis en place son service de prise de rendez-vous en ligne en 2013 et son système de téléconsultation en 2018. Cette croissance exponentielle en fait un acteur incontournable dans le domaine de la santé et l’entreprise est valorisée à plus d’un milliard de dollars. Elle ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là et son président, le français Stanislas Niox-Chateau évoque le franchissement d’une “très grande étape” avec un logiciel “fluide, rapide, accessible partout”.
C’est une plateforme à destination des professionnels de santé qui pourront y retrouver leur agenda, les outils de téléconsultation, de facturation, d’ordonnance ou bien un résumé de leurs patients (antécédents médicaux, différents rendez-vous antérieurs et les observations qui y sont faites) pour 135 euros par mois. Le danger réside dans le prix de ce nouvel outil. Si on y ajoute les 129 euros mensuels de prise de rendez-vous et les 79 euros de téléconsultation, ce n’est pas moins de 343 euros que devra débourser un médecin souhaitant prendre l’intégralité des services offerts.
Moderniser et alléger le travail administratif des médecins ?
Cet outil novateur est en développement depuis deux ans maintenant et s’est construit de façon conjointe entre 2000 médecins libéraux et 250 salariés de la startup. Le président voit en lui le “logiciel médical du XXIe siècle” qui permettrait de gagner jusqu’à 4 heures par semaine de tâches administratives. Les médecins ayant participé au développement du logiciel seront les premiers à pouvoir s’en servir mais l’entreprise souhaite étendre son utilisation aux 50 000 médecins partenaires afin de rentabiliser un investissement massif. L’entreprise avait levé 150 millions d’euros en 2019 afin de poursuivre sa progression.
La startup n’est toutefois pas toute seule sur ce marché. Elle doit faire face à la concurrence de Cegedim et CompuGroup qui participent respectivement à la prise de rendez-vous dans le cadre de la campagne vaccinale actuelle et au marché européen. Mais le contexte de la crise sanitaire et de l’explosion de la télé-médecine a fait de Doctolib une marque connue très largement chez les Français et dans le monde.
Des inquiétudes à apaiser sur la protection des données
Le 25 février, un collectif de médecins avait toutefois déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour contester la décision de l’exécutif de confier à Doctolib la charge de prise des rendez-vous liés à la vaccination. Le collectif reproche à la plateforme de collaborer avec Amazon Web Services, une filiale du colosse américain, pour héberger les données des patients. Les différents syndicats reprochent également à Doctolib de mettre en danger les données personnelles en les offrant à un programme de surveillance calqué sur le droit américain. En réponse, la plateforme promet que les données des utilisateurs seront fortement protégées via un chiffrement accrue des datas récoltés.
Nous retrouvons donc bien là l’éternel dilemme des entreprises en croissance qui tentent de juguler inquiétudes et difficultés de gestion avec une demande très forte pour leurs solutions, dans un contexte concurrentiel très agressif. L’utilisation massive de Doctolib dans la campagne française de vaccination apporte en tout cas une leçon pour les dirigeants d’entreprises et responsables politiques français : l’apport de solutions issues du secteur privé pour faciliter des politiques publiques fondamentales peut être fondamental, et pourquoi pas inspirer les réponses à de futurs enjeux.