La SNCF prépare une stratégie de trains à très bas prix pour conquérir des millions de passagers supplémentaires
Quarante-cinq ans après la mise en service des premiers modèles Corail, ces rames pourraient être au cœur du lancement de trains alternatifs longue distance, en 2022-2023, d’après « Mobilettre », une information qui n’a pas encore été confirmée ni démentie par la SNCF.
3 milliards d’euros de pertes. L’ampleur du choc pour la SNCF en 2020 est à la hauteur de la violence de la crise sanitaire et aux limitations inédites aux déplacements des Français imposées par le gouvernement pour y faire face. Pour son Président Jean-Pierre Farandou, l’entreprise peut toutefois se rassurer et espérer bénéficier de sa « résilience ». Des réflexions stratégiques sur les objectifs et les moyens de la SNCF ont donc été menées pour lui assurer un avenir et préparer l’ouverture à la concurrence de nouvelles lignes et faire face aux critiques sur les coûts du transport ferroviaire et les choix de développement des lignes réalisés dans les dernières années.
Une stratégie de réponse à la crise
La crise sanitaire ayant fortement touché le secteur du transport, notamment ferroviaire, la SNCF songerait donc à lancer une nouvelle offre longue distance « encore moins chère » que ses trains low-cost OuiGo, plus lents que les TGV. Cette nouvelle offre, empruntant les lignes classiques avec des rames « recyclées », permettrait à l’entreprise d’économiser sur ses coûts de production mais aussi sur les droits dus à sa société sœur SCNF Réseau. Les anciens trains Corail bien connus des Français pourraient ainsi se voir consacrés à ces nouvelles lignes et connaître une nouvelle vie dans le cadre de ce plan. Parfois critiqués pour leur manque de confort et leur âge, l’utilisation de ces trains pourrait également faire naître quelques polémiques.
Cette offre à « très bas prix » doit en tout cas aider la SNCF à atteindre son objectif de 10 millions de passagers annuels sur l’automobile, en comprenant les services de co-voiturage et de bus longue distance. En proposant de tels tarifs, la SNCF souhaite également participer à relancer le tourisme dans l’Hexagone, tout en amortissant les baisses de chiffres suite à la crise sanitaire.
L'opérateur ferroviaire @SNCF estime que, sur les grandes lignes, il y a la place pour des trains plus lents que les TGV mais beaucoup moins chers. Bonne idée? https://t.co/4nocy1ycbK
— Le Figaro (@Le_Figaro) February 27, 2021
Un paysage concurrentiel moins défavorable qu’envisagé
Bonne nouvelle pour la SNCF : le paysage concurrentiel se présente finalement sous un jour moins défavorable qu’initialement envisagé. Grâce, ou à cause de la Covid-19, certains de ses concurrents ont dû abandonner des projets semblables à ceux de la SNCF, et ces abandons concernent aussi des plans stratégiques qui devaient à terme concerner la France. Flixtrain en Allemagne, dans le même groupe que les FlixBus français, songeait à lancer des trains domestiques low-cost. Les OuiBus, les trains longue distance de la SNCF, qui avaient été cédés à BlaBlaCar en 2018, ont été également stoppés par la crise, laissant donc le champ libre au géant des rails français.
De plus, les mesures gouvernementales pour la limitation du dérèglement climatique et le soutien aux mobilités alternatives à la voiture confortent le principe d’une diversification de l’offre ferroviaire. Les vols nationaux sur les lignes desservies en moins de 2h30 par le train comme Paris-Bordeaux étant désormais interdits, la SCNF a tout à gagner à développer des lignes domestiques en France, pouvant ainsi accroître sa place sur le marché. Un sérieux motif d’espoir donc, pour l’entreprise qui souhaite rebondir après deux années très difficiles : en 2019 avec les grandes grèves contre la réforme des retraites et en 2020 avec la crise sanitaire.