La France encore à la traîne sur la rénovation énergétique des bâtiments
Dans le cadre du programme France Relance lancé par le gouvernement, le pays entend renouveler son parc résidentiel (près de 100 millions de m²) au niveau bâtiment basse consommation d’ici 2050. Problème : la France accuse un retard conséquent sur cet objectif.
Les députés membres des missions consacrées au sujet et la plupart des experts déplorent un rythme trop lent et un chantier monumental. En effet, 94% du parc résidentiel français se situe en dessous du niveau B de l’étiquette énergétique. Une situation que le gouvernement entend corriger rapidement et dans lequel il entend bien investir, avec l’aide des entreprises du secteur du bâtiment et de l’énergie.
Depuis quelques années, l’idée de la rénovation du bâti français fait son chemin dans l’esprit des acteurs publics et dans ceux des penseurs de l’économie français. La première raison évoquée est environnementale. Aujourd’hui, le parc résidentiel français est le troisième secteur le plus polluant en termes d’émissions de gaz à effet de serre, après les transports et l’agriculture. Les opérations de rénovation permettraient une économie de 1,1 % des émissions de CO2 avec quelques actions simples, puis rapidement 2,4% par an. Une meilleure isolation permettra en définitive une économie au niveau énergique et financier. Ce vaste projet de rénovation créera également des emplois dans le secteur du bâtiment, (environ 100 000) ce qui représenterait un supplément d’activité de l’ordre de 0,3 point de PIB chaque année.
Un projet ambitieux
Pour la rapporteuse de la mission « rénovation des bâtiments » dans la Loi Climat bientôt présentée à l’Assemblée Nationale, Marjolaine Meynier-Millefert (députée LREM de l’Isère), affirme que la feuille de route nationale s’avèrerait pour l’instant presque relever de l’impossible. Cela impliquerait 370 000 rénovations globales d’ici à 2022, puis 700 000 par an à partir de 2030. Elever tous les logements français à hauteur d’un niveau B au moins est un projet ambitieux, mais que faire pour s’assurer que ces ambitions se traduisent en réalité ?
Le premier objectif est l’éradication des passoires thermiques, c’est-à-dire les logements étiquetés F et G, à l’horizon 2028. Ces habitations représentent plus de 4,8 millions des logements français. Quant à lui, le secteur du logement représentait plus de 12% des émissions de gaz à effet de serre en 2017, avec le CO2 comme principal GES originaire des habitations. Il convient également d e souligner que plus de la moitié du parc résidentiel français a été construit avant 1975, ce qui représente dans la plupart des cas des logements énergivores.
Si le gouvernement souhaite respecter les objectifs fixés, des freins quant au financement de ce projet pharaonique persistent. Les principales failles relèveraient d’un manque de coordination entre le Conseil national de l’habitat, le Conseil supérieur de l’énergie et un troisième conseil consacré à l’efficacité énergétique. Vincent Descœur, président LR de la mission d’information parlementaire sur la rénovation thermique des bâtiments, déplore quant à lui une « inadéquation entre des objectifs très ambitieux et les moyens mis en œuvre pour les atteindre ».
Si le projet de rénovation du parc résidentiel français est une initiative consensuelle, qui agira positivement sur l’environnement et peut apporter des bénéfices économiques et industriels importants, c’est un chantier ambitieux qui s’avère compliqué à articuler entre de nombreux secteurs et les intérêts financiers parfois contradictoires des particuliers qui doivent rénover leur habitation. La France entend mener à bien ce projet, mais avec un parc de 35 millions de logements, et seulement 30 années pour réaliser cet objectif, le retard pris pourrait bien repousser de quelques années son atteinte pour 2050.