Énergie du passé pour certains, fleuron industriel pour d’autres… Le nucléaire divise mais demeure pour de nombreux acteurs politiques un secteur constitutif de la force économique de la France.
C’est une alliance transpartisane inédite qui s’est formée pour défendre le “patrimoine nucléaire français”. L’ancien socialiste et ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, le souverainiste et ancien ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement, le Républicain Bernard Accoyer, des élus communistes ou encore des grands patrons s’unissent pour soutenir le secteur du nucléaire et faire pression sur l’Etat. Le mot d’ordre édicté par l’appel de l’Association de défense du patrimoine nucléaire et du climat (PNC-France) est le suivant : rassembler les forces en présence pour souligner l’importance de la filière nucléaire et sa capacité à maîtriser les émissions de gaz à effet de serre. Le but de cette alliance est d’obtenir des pouvoirs publics la construction de nouveaux réacteurs pour pallier aux insuffisances et aux risques d’un parc nucléaire français vieillissant.
Une coalition en faveur de l’atome ?
Cette initiative est préparée depuis le mois de septembre 2020 et vise à sensibiliser les populations vivant auprès d’installations nucléaires sur les bienfaits du secteur en matière d’emploi, de recettes fiscales ou encore d’environnement. La coalition souhaite ainsi peser sur les instances locales afin de bénéficier de mesures en faveur du secteur et ainsi, contrer “les puissants lobbies” antinucléaires selon les termes des signataires.
La fermeture de la centrale de Fessenheim en 2020 et la politique concernant le nucléaire de l’exécutif sont remis en cause. Effectivement, l’association et ses soutiens voient d’un mauvais oeil la volonté du gouvernement de mettre à l’arrêt d’ici à 2035 d’une douzaine de réacteurs ainsi que la réduction à 50% de la part nucléaire dans l’électrique et l’arrêt du programme novateur Astrid ont été perçus comme des obstacles à la bonne santé du nucléaire français.
Alors que l’exécutif attend la mise au point du réacteur de Flamanville avant de décider de la construction de 6 nouveaux réacteurs pour 2023, l’association et ses signataires ont lancé une contre-offensive visant à obtenir la prolongation d’une partie des réacteurs et à convaincre le gouvernement d’engager de nouveaux chantiers au plus vite. Le gouvernement français est amené à jouer une position délicate d’équilibriste entre pro et anti nucléaires. La position de la ministre de la transition écologique illustre bien cette ligne de crête, en étant ministre de tutelle du géant EDF et une opposante historique à l’atome. Rappelons que le Président de la République expliquait fin décembre à travers un “en même temps” macroniste que le nucléaire devait être “un pilier dans les années à venir” à la fois au niveau des enjeux environnementaux que énergétiques. A voir si ce plaidoyer suffira à apaiser les remontrances de ses opposants.