En raison de la volonté du gouvernement de mettre en oeuvre une nouvelle taxe sur les publicités commerciales à même d’affaiblir leur financement, plusieurs médias indépendants polonais ont entamé une grève de l’information.
L’exécutif dirigé par le parti Droit et justice (PiS), de tendance nationale-conservatrice, a provoqué une nouvelle fronde des éditeurs de presse en souhaitant mettre en place un impôt sur les publicités commerciales. Le but affiché par le gouvernement serait de reverser les recettes prélevées par cette taxe vers le système de santé, frappé lui aussi par la crise sanitaire. Néanmoins cette taxation affecterait essentiellement les médias privés puisqu’elle exclut la publicité provenant d’organismes publics, principale manne financière des médias pro gouvernementaux.
Des craintes pour l’indépendance de la presse
Perçue comme une mesure de l’exécutif visant à limiter la presse indépendante dans le pays, différents journaux et médias audiovisuels du privé ont décidé de se mettre en grève. Depuis le 10 février, s’informer en Pologne est donc devenu une tâche relativement complexe, la grève de l’information étant respectée par la quasi-entièreté du paysage médiatique du pays à l’exception des médias publics et pro-gouvernementaux.
Cette action est massive et inédite dans l’histoire récente du pays, et les médias indépendants se sont coordonnés à travers ce message circulant sur les télévisions, les radios les médias papiers et en ligne : “Ici devrait se trouver votre service d’information en ligne favori. Mais aujourd’hui, vous n’y lirez aucun contenu. Voyez par vous-même à quoi ressemblera un monde sans médias indépendants”. L’objectif poursuivi par les médias est de mobiliser les Polonais et de faire comprendre l’impact important qu’aurait une mesure affaiblissant considérablement les financements des médias par la taxation des publicités commerciales.
Un environnement économique déjà affaibli par la crise sanitaire
Déjà affectés par la crise sanitaire, les médias indépendants du pays ont décidé de se mobiliser massivement contre cette coupure budgétaire. Par le biais d’une lettre ouverte à destination du gouvernement de Mateusz Morawiecki, une cinquantaine de médias ont dénoncé une mesure visant à “affaiblir” le système médiatique du pays par l’instauration d’une “charge asymétrique et sélective entre différentes entreprises” avant d’ajouter qu’ils refusent de servir de fusible à une prétendu lutte contre le virus.
Le champ médiatique polonais craint que la politique du voisin Hongrois déteignent sur celle de son gouvernement via une neutralisation croissante des médias privés indépendants par le gouvernement de Viktor Orban et la transformation des médias publics en organes de propagande. De manière générale, l’opposition au gouvernement conservateur du PiS s’étend ces dernières semaines dans des pans nombreux de la société, sur fond de sondages favorables aux principaux partis d’opposition.