Le Produit Intérieur Brut (PIB) du Royaume-Uni a reculé de 10% en 2020, un tel record n’avait pas été recensé depuis le début du XVIIIème siècle. Ce choc économique est provoqué par la particulière acuité avec laquelle l’épidémie de Covid19 a touché le pays, et les choix réalisés par le gouvernement Johnson depuis le début de la crise.
Si le Royaume-Uni n’a pas déclenché un confinement généralisé aussi rapidement que la plupart des autres pays européens au printemps 2020, il n’en demeure pas pour autant le gagnant de cette crise. Officiellement, la pandémie de la Covid-19, au Royaume-Uni, a débuté le 31 janvier 2020. Or, il a fallu attendre le 3 mars 2020 pour connaître le plan d’action du Premier ministre Boris Johnson. Ce dernier avait alors déclaré l’épidémie comme un « incident de niveau 4 », sans pour autant, choisir de confinement national. Au contraire, au même titre que les Pays-Bas et la Suède, le Royaume-Uni a parié d’abord sur des mesures limitées, avant de changer sa stratégie contraint et forcé. Le gouvernement britannique a finalement décidé un confinement strict de trois semaines à compter du 24 mars.
Économiquement parlant, cette indécision a été lourde de conséquences. En effet, si le PIB avait déjà reculé de 2,9% à l’issue du premier trimestre, le confinement tardif a provoqué une chute record de 19% au printemps. Il s’agit d’une des plus grandes pertes économiques des pays occidentaux comparables. La stratégie britannique n’a par ailleurs pas assuré de reprise convenable au second semestre.
Si le relâchement général du troisième trimestre a permis une reprise record de 16,1% pour le PIB, il a aussi entraîné une augmentation, sans précédent, des cas de contaminations. Ainsi, à la rentrée, le Royaume-Uni était le pays le plus endeuillé d’Europe avec près de 42 000 morts. Cette vague de contaminations a obligé le Premier ministre à prendre de nouvelles restrictions, jusqu’en novembre où il a finalement décidé de confiner l’Angleterre. Enfin, le quatrième semestre, marqué par les achats de Noël, l’adaptation des entreprises aux mesures sanitaires, les tests, les programmes de traçage et quelques allègements des restrictions au début du mois de décembre, a permis un retour de la croissance à 1%. Pourtant, l’équilibre entre la survie économique et la sécurité sanitaire n’était toujours pas trouvé, et les restrictions ont vites fait leur retour lors de la dernière quinzaine du mois, sur fond de progression du variant apparu au départ dans la région du Kent.
Un « choc sévère » et un recul économique inédit depuis 1709
L’écroulement économique qu’a connu le Royaume-Uni en 2020 est sans précédent dans l’histoire moderne britannique. Une telle récession n’avait plus été vue depuis le « Grand Gel » de 1709, lors duquel on estime que la production avait reculé de 13 %. La Covid-19 n’a épargné aucun secteur et la chute de la demande a affecté toute l’économie nationale. Capital Economics relève que « l’économie britannique est restée à la traîne du G7 au quatrième trimestre », même si l’économie a évité une récession à double creux.
The UK economy shrank by 9.9% in 2020 – the largest annual fall on record – as coronavirus restrictions hit businesses
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— BBC Business (@BBCBusiness) February 12, 2021
Actuellement confiné, le Royaume-Uni a fermé de nombreuses écoles, alors que le télétravail demeure une norme dans la plupart des entreprises, les économistes prévoient un nouveau déclin du PIB à hauteur de 3,5% au premier trimestre. Les perspectives de reprise dépendent principalement de la campagne de vaccination et des économies accumulées par les ménages. Le gouvernement a rappelé « tout faire pour protéger les emplois et entreprises », et devrait, début mars, présenter des mesures pour soutenir l’économie. Notons enfin que le 1er janvier dernier, le Royaume-Uni est officiellement sorti de l’Union Européenne, ce qui entraîne également des problèmes logistiques, administratifs et des taxations qui entravent gravement l’activité de nombreuses PME. Une lueur d’espoir pour le pays : la vitesse de sa campagne de vaccination qui devrait permettre le plus rapidement possible une réouverture de pans entiers de l’économie du royaume, à des années-lumières du rythme bien plus lent adopté sur le continent européen.