Washington réclame le départ des forces turques et russes de Libye
Neuf jours après l’investiture du Président Biden, la diplomatie américaine prend une position ferme à l’égard de la crise libyenne. L’ambassadeur américain Richard Mills a déclaré à l’ONU que les Etats-Unis demandaient à la Turquie et à la Russie « de commencer immédiatement le retrait de leurs forces ». Les mercenaires étrangers ainsi que les substituts militaires soutenus par les belligérants devront également quitter le sol libyen.
La trêve mise en place par l’ONU en octobre 2020 avait fixé un délai de 90 jours pour le retrait de tous les combattants étrangers présents dans le pays. Un délai qui a expiré fin janvier et qui n’a pas été respecté par la Turquie et la Russie. La Libye, divisée en deux blocs depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, est dominée à l’Ouest par le gouvernement de l’Union Nationale (reconnu par l’ONU) dirigé par Fayez al-Sarraj et soutenu par la Turquie. À l’Est, le pouvoir est aux mains de Khalifa Haftar appuyé par la Russie et les Emirats Arabes Unis (et souvent soutenu en sous-main par la France). Suite à l’échec de l’offensive de Haftar pour récupérer Tripoli en avril 2019, les deux camps ont conclu un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU et ont entamé la reprise des échanges.
Des tensions et violences qui paralysent le processus de paix
Les Nations Unies avaient signalé la présence de 20 000 mercenaires et militaires étrangers auprès des deux camps de l’Est et de l’Ouest libyen. Dix bases militaires occupées par les forces étrangères ont ainsi été recensées et certains des mercenaires russes présents sur le terrain seraient issus du groupe privé Wagner devenu, depuis la crise syrienne, la référence des opérateurs privés russes. Selon un rapport de l’ONU, les vols de la compagnie privée syrienne Cham Wings ont facilité le déplacement de rebelles syriens en Libye. Ces derniers s’entraîneraient dans les casernes turques auprès des mercenaires soudanais recrutés par les Emiratis.
Le Kremlin n’admet en tout cas aucun lien organique avec la présence de 2500 mercenaires russes auprès de Haftar. Vassily Nebenzia, ambassadeur russe à l’ONU, a également affirmé « qu’il n’y a pas d’intervention militaire russe en Libye. S’il y a des ressortissants russes comme mercenaires, ce que nous ne pouvons pas totalement exclure, ceux qui les ont embauchés devraient être invités à les retirer ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonia Guterres, exige le départ des troupes étrangères afin de laisser les Libyens résoudre leurs difficultés à l’échelle nationale et pour ne pas importer des guerres d’influence extérieure dans un pays déjà lourdement endeuillé par près de dix ans de conflit. Les Nations Unies ont par ailleurs parrainé un dialogue inter-libyen et ont invité 75 délégués libyens à constituer un conseil transitoire lors d’une réunion en Suisse. Ce conseil aura pour mission de « réunifier les institutions de l’État et assurer la sécurité ».