Dans le cadre de l’opération Barkhane au Mali, la France a fait état de deux nouvelles pertes humaines dans la nuit de samedi à dimanche, après une première attaque meurtrière revendiquée par la filiale d’al-Qaïda lundi dernier au Sahel.
Frappés par un engin explosif improvisé placé sur le chemin de leur véhicule blindé léger, la sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser du régiment de hussards de Haguenau ont trouvé la mort au cours de cette seconde attaque. Une situation tragique qui confirme l’insécurité régnante, malgré des moyens militaires importants déployés sur la bande africaine.
Nouvelle stratégie au Sahel
Alors que la mission Barkhane a déjà fait perdre plusieurs dizaines de soldats aux forces françaises, l’exécutif, marqué par ce second revers en quelques jours au Sahel, réfléchit à réduire ses effectifs et prévoit d’engager des négociations avec ceux “qui ont déposé les armes et qui ne sont pas motivés par une idéologie radicale et criminelle”, a déclaré la ministre des Armées, Florence Parly.
Après avoir ajouté 600 soldats à la force Barkhane, portant les effectifs à 5 100 hommes en 2020, la ministre des Armées a indiqué revoir à la baisse la présence française au Sahel : “Nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort par définition, c’est temporaire”. Le prochain sommet conjoint de la France et des pays du G5 Sahel, qui se tiendra en février à N’djamena, devrait conduire à une décision.
Un ennemi de longue date
Si cette seconde attaque n’a toujours pas été revendiquée, la première offensive lancée lundi dernier l’a été par le RVIM, filiale d’Al-Qaïda au Sahel, qui a notamment dénoncé par cet acte “l’occupation” française. La présence des groupes djihadistes tels que l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), désigné comme ennemi principal, avait été jugée réduite par l’état-major, convenant que l’EIGS “[avait] été affaibli dans le Liptako malo-nigérien”. Malgré cette percée, la dissolution du groupe terroriste reste un enjeu de taille pour les forces françaises et sahéliennes. Le groupe djihadiste, qui parvient toujours à grossir ses rangs sur le dos des conflits interethniques, semble déstabilisé mais loin d’être détruit.
Au Sahel, la filiale d’al-Qaïda, le RVIM, est devenue “l’ennemi le plus dangereux pour la force Barkhane, pour les forces internationales et pour le Mali”, a partagé le général Marc Conruyt, commandant de la force Barkhane. Un ennemi supplémentaire donc, qui en plus de “déstabiliser les périphéries du nord du Mali”, “porte la guerre au centre”. Parfois ennemis sur le terrain, l’EIGS et le RVIM peuvent s’allier pour multiplier leur force de frappe contre les forces françaises et sahéliennes.
Si les deux groupes terroristes s’accordent en termes d’exactions, l’EIGS reste motivé par des “ressorts idéologiques, de par son allégeance à Daech ou la recherche du califat”, tandis que « le RVIM est mû par des ressorts politiques visant une alliance entre groupes terroristes et un agenda d’extension à l’échelle de la région”, a précisé le général Stéphane Mille, début décembre.