Nigéria : 344 élèves libérés après leur enlèvement par Boko Haram
Boko Haram a procédé à la libération de 344 garçons sur plus de 500 présumés, enlevés il y a une semaine. Ils ont été reçus vendredi matin par les autorités locales. Un soulagement pour les familles, le pays et la communauté internationale dans un contexte sécuritaire encore tendu.
Plus de six ans après le kidnapping des lycéennes de Chibok, la résurgence du groupe djihadiste plonge de nouveau le pays dans l’insécurité alors que le président nigérien, Muhammadu Buhari, s’était engagé à éradiquer la menace terroriste. Après les sollicitations internationales, les hommes armés ont libéré les jeunes élèves, enlevés au lycée d’Etat pour garçons de Kankara, dans l’Etat de Katsina.
Près de 500 élèves enlevés, 344 libérés
Vendredi 11 décembre, des centaines d’élèves de la petite ville de Kankara ont été enlevés par les hommes armés de Boko Haram. Une série d’enlèvements qui rappelle la position extrémiste du djihadiste nigérien Abubakar Shekau, chef de Jamaat Ahl Al-Sunnah Lil Daxa Wal Jihad, à l’égard de l’école publique, symbole de la “mécréance”, exposant les élèves à la souffrance et à la mort.
Habituellement actif dans la partie nord-est du pays, le groupe extrémiste sunnite, qui a revendiqué le rapt mardi 15 décembre, a partagé une vidéo mettant en scène l’une des victimes d’Abubakar Shekau, figure historique de Boko Haram. C’est à travers les mots de ce jeune garçon affaibli, dont le visage est couvert de poussière, que l’on apprend l’enlèvement de 520 élèves, dont certains ont déjà péri sous les coups du groupe armé. Cet enlèvement de masse a été mené par le chef de gang Awwalun Daudawa en collaboration avec deux autres bandits prénommés Idi Minoriti et Dankarami, qui fomentent et commettent des rapts contre des rançons, apprend-on de l’AFP.
Libérés dans la nuit, les 344 élèves, pieds nus et exténués, ont été accueillis vendredi matin par les autorités locales de l’Etat de Katsina. « C’est un énorme soulagement pour tout le pays et la communauté internationale », a confié le président, Muhammadu Buhari sur Twitter.
Un aveu de faiblesse de la politique sécuritaire nigérienne
Le chef de l’Etat nigérien et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ont fermement condamné cette attaque, sommant « la libération immédiate et sans conditions » des enfants. Alors que Shekau orchestre très peu d’attaques de grande envergure, “cet enlèvement est un gros coup tant il défie une nouvelle fois le président Buhari, et peut être interprété comme une sorte d’hommage à Chibok”, explique Vincent Foucher, chercheur au CNRS.
Un triste événement qui n’est pas sans rappeler celui perpétré par le groupe terroriste qui avait déjà enlevé plus de 200 jeunes filles à Chibok en 2014, suscitant une vague d’indignations auprès de la communauté internationale. Pour rappel, Boko Haram, qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est à l’origine d’au moins 36 000 morts en une décennie de luttes intestines, tandis que deux millions de personnes n’ont toujours pas retrouvé leurs proches.